Juste avant la fin du jeûne, les volontaires de l’association El-Amana se préparent activement pour que tout soit prêt à temps. Dans une allée de Faisal, un quartier populaire de Gizeh, proche de la grande ville du Caire, ils ont disposé quatre larges tables, drapées de nappes en plastique. Au-dessus, des guirlandes de couleurs vives pendent en guise de décoration. Environ soixante personnes, composées de femmes, d’hommes et d’enfants, attendent l’appel à la prière pour commencer l’iftar, le repas pour fin le jeûne.
Au cours du ramadan, de nombreux dîners populaires de ce type sont organisés dans ce secteur proche des pyramides, un labyrinthe formé de rues étroites bordées d’immeubles très peuplés. Ces dîners, surnommés « Mawa’id el-Rahman » ou tables de charité, sont une tradition en Égypte. Ils proposent des repas gratuits servis aux habitants nécessiteux et sont souvent financés par des organismes de bienfaisance, des habitants généreux ou des personnalités locales.
Ce soir-là, toutes les places sont prises devant El-Amana. « D’ordinaire, nous avons des repas en plus que nous distribuons ailleurs dans le quartier. Cependant, le nombre de bénéficiaires a nettement augmenté. Les 130 repas que nous préparons par jour ne suffisent plus. Les gens se paupérisent », confie un volontaire anonyme de l’association.
Quatre jours avant le début du ramadan, les autorités égyptiennes ont déclaré l’adoption d’un taux de change flottant pour répondre aux exigences du FMI, entraînant une dévaluation importante de la livre égyptienne. Soudainement, la monnaie locale a perdu presque 60% de sa valeur par rapport au dollar.
La décision a été prise à la suite d’une série de mois marqués par une crise de liquidité, caractérisée par l’apparition d’un marché clandestin, durant lequel la monnaie égyptienne s’est progressivement dévaluée jusqu’à atteindre une conversion de 70 livres pour 1 dollar en janvier. Cette chute vertigineuse a entraîné une inflation considérable des prix. En février, l’inflation avait grimpé à 36%, selon Capmas, l’organisation nationale de statistiques, affectant principalement le coût des aliments de base, qui a augmenté de 70% en un an.
En terme de consommation de viande, on parle désormais d' »un jour sur trois ».
Au cours des dernières semaines, dans un tour de force inattendu, le gouvernement égyptien a successivement signé des accords financiers d’une importance historique avec les Émirats arabes unis (35 milliards de dollars), le FMI (8 milliards de dollars), et l’Union européenne (7,4 milliards d’euros). Malgré le fait que ces annonces aient quelque peu éclairci la situation économique de l’Egypte, offrant un certain soulagement au budget de l’État, les liquidités promises peinent encore à atteindre les poches des citoyens égyptiens.
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