Jeanne (prénom fictif), trentenaire, envisageait depuis un moment une réorientation dans sa vie. Elle aspirait à se désencombrer du rythme effréné du quotidien pour se rapprocher de la nature, vivre pleinement avec son partenaire. Ce n’était pas une réponse à une insatisfaction dans sa vie actuelle – avec un poste de cadre dans le domaine industriel suite à sa graduation d’une école de commerce, vivant une belle romance, elle se plaisait dans son travail et aimait son équipe -, mais elle pensait qu’il était grand temps de consacrer du temps à sa vie privée pour mieux revenir au travail par la suite.
Jeanne et son partenaire ont donc choisi de s’accorder une année sabbatique en automne 2023, avec comme destination l’Asie, la Nouvelle-Zélande et l’Amérique latine. « Nous avions déjà énormément voyagé auparavant, alors cette fois-ci, l’objectif était d’explorer un nombre limité de destinations, mais des territoires éloignés et spacieux, difficiles à explorer durant de simples vacances », explique Jeanne depuis la Nouvelle-Zélande, jointe par téléphone.
Pour ce qui est de cette année hors du commun, Jeanne n’éprouve aucun regret à mi-parcours, savoure chaque instant et se rend compte qu’elle vit une expérience « hors du commun ». « Le plus difficile était de prendre la résolution. Quitter son travail et son chez-soi, et faire face aux préoccupations de son entourage c’est un peu déstabilisant, mais une fois partie, l’expérience est vécue à fond. »
« Un temps de réflexion ».
Jeanne a su persuader son employeur de lui accorder une pause temporaire, une tâche qui lui a facilement réussi. Elle a commencé les discussions au printemps 2023, et six mois plus tarde, elle était prêt à partir. Elle attribue cette acceptation à la nature humaine de l’entreprise et à sa prise en compte des désirs personnels des employés. Jeanne pense également que les salariés désireux de partir le feront quoi qu’il arrive, alors en approuvant un congé sabbatique, les entreprises augmentent leurs chances de les retenir.
Son employeur lui a non seulement donné son approbation mais aussi la garantie de reprendre son poste au même niveau après sa pause. D’autres entreprises vont encore plus loin, mettant en place de nouvelles mesures pour permettre à leurs employés de faire une « pause » dans leur carrière, tout en recevant une grande partie de leur salaire.
L’un des cas les plus notoires est probablement celui d’Orange. En 2022, l’entreprise de télécommunication a introduit son « congé de respiration », une période de trois à douze mois pendant laquelle l’employé reçoit 70% de son salaire pour se consacrer à des projets de bienfaisance, à créer une entreprise, ou à se former. Une condition requise est d’avoir au moins dix ans d’ancienneté dans l’entreprise. Vincent Lecerf, le directeur des ressources humaines du groupe Orange, explique que l’intention était de permettre à leurs employés de prendre du recul et de réaliser un projet personnel important pour eux.
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