À chaque occasion, le même déroulement se met en place. George Simion fait irruption lors d’une manifestation où il n’est pas souhaité. Il sort son téléphone, active son appareil photo, se connecte en direct à Facebook et commence à scander des slogans anti-globalistes et contre une « dictature néomarxiste ». Si un policier cherche à l’apaiser ou à l’évincer, il intensifie ses actions en protestant contre ceux qui s’en prennent aux « enfants de la Roumanie ».
Son discours, à toute puissance, peut durer des heures et attirer des dizaines de milliers de Roumains sur Facebook. Une des plus récentes cibles de M. Simion était Ursula von der Leyen. Présente à Bucarest le 6 mars pour le congrès du Parti populaire européen, la présidente sortante de la Commission européenne a dû affronter une protestation de centaines de personnes menée par Simion, soutien de Donald Trump, criant « Dehors Pfizer Ursula », en référence au refus du vaccin contre le Covid, détesté par ce conspirationniste qui croit que « Bruxelles est la nouvelle URSS ».
M. Simion, âgé de 37 ans, grâce à ces manifestations, est devenu en quelques années la figure politique la plus emblématique sur Facebook en Roumanie, comptant plus de 1 million d’abonnés. Cet ancien ultra de football, qui a créé son propre parti de droite nationaliste et conspirationniste, l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR), en 2019, a vu sa notoriété augmenter grâce à ses publications anti-confinement et anti-vaccines pendant la pandémie de Covid-19, d’abord sur Facebook, puis de plus en plus sur TikTok. Sa mission : convertir des millions de likes en votes.
Dans l’observation d’Elena Calistru, présidente de l’organisation Funky Citizens qui combat la désinformation, M. Simion est devenu l’une des principales sources de fausses informations en Roumanie, plus spécifiquement concernant l’Union européenne [UE]. Sa capacité à efficacement répandre ces nouvelles est impressionnante. Calistru reste perturbée par la manière agressive dont Simion a interrompu une conférence récente à laquelle elle assistait, provoquant une animosité inégalée dans le débat public.
La Roumanie se prépare à une année chargée en élections, comprenant les élections européennes du 9 juin, qui seront suivies d’élections locales et ensuite, les élections présidentielles et législatives à l’automne. Le parti de Simion, qui est au cœur de l’attention politique en Roumanie, a un potentiel considérable pour transformer ses nombreux « j’aime » en votes. Les sondages prédisent que le parti recueillera environ 20% des voix, une augmentation de 11 points par rapport aux élections législatives de 2020.
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