Le 18 mars, une frustration longtemps étouffée a finalement explosé parmi les dirigeants des écoles, directeurs de centres de recherche et départements de Sciences Po, ainsi que les membres élus du conseil d’administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP). Le déclencheur a été une intervention inattendue du Premier ministre lors d’une réunion du conseil d’administration de la fondation le 13 mars, révélée par un message interne obtenu par Le Monde.
De manière inattendue, Gabriel Attal s’est joint à une réunion en cours avec la ministre de l’enseignement supérieur, Sylvie Retailleau. Il a lancé une critique à la direction de Sciences Po, accusant une « tendance liée à une minorité active et dangereuse » d’amener l’institution à un état de pourriture de l’intérieur.
Révulsés par cette intrusion, les 29 signataires du message, dont Sergueï Gouriev, le directeur de la formation et de la recherche, ont exprimé avec force leur indignation. Ils ont souligné que « aucune personnalité politique n’est autorisée à minimiser les valeurs essentielles d’indépendance et de liberté académique, telles qu’elles sont consacrées par les lois de la République ». Ils ont rappelé que la liberté académique garantit le droit d’enseigner et de conduire des recherches de manière indépendante, sous la surveillance et supervision de leurs pairs, mais sans aucun contrôle ou ingérence de la part d’une autorité externe, y compris l’État.
Les signataires ont fait valoir que les allusions à une éventuelle restructuration de l’établissement lors de la réunion du 13 mars, violent ouvertement ce principe fondamental de liberté académique.
Gabriel Attal avait fait appel au procureur de la République suite à une manifestation pro-palestinienne qui a eu lieu dans un amphithéâtre le jour précédent, durant laquelle des commentaires inacceptables, selon Emmanuel Macron, ont été proférés contre une étudiante de l’Union des étudiants juifs de France. Il lui aurait été dit: « Ne la laissez pas entrer, c’est une sioniste. » Un bon nombre d’étudiants sur place avaient contesté cette account. L’école avait également lancé une enquête interne et alerté le procureur des incidents.
La controverse a continué à monter au cours de toute la journée du mercredi 13 mars, exacerbée par l’annonce de la démission du directeur de l’école, Mathias Vicherat, après avoir appris sa comparution devant le tribunal correctionnel, avec son ex-partenaire, pour des faits de violence conjugale.
Il vous reste 37.11% de cet article à lire. La suite est seulement accessible aux abonnés.
Laisser un commentaire