Un rapport récent, publié le lundi 18 mars, indique que Gaza risque une famine imminente. Cette évaluation a été menée par le Cadre Intégré de Classification de la Sécurité Alimentaire (IPC), une coopération entre différentes agences internationales (telles que le Programme Alimentaire Mondial, l’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation – FAO, l’Unicef, la Banque Mondiale) et des organisations non gouvernementales (comme Action contre la Faim, Care, Oxfam), responsables de l’évaluation des crises alimentaires les plus sévères. Selon Beth Bechdol, Directrice Générale Adjointe de la FAO, l’ampleur et la rapidité de la crise humanitaire à Gaza est sans précédent.
Comment s’effectue le suivi et l’évaluation de la situation à Gaza ?
Due à l’instabilité de la situation à Gaza, l’analyse a été effectuée à distance entre le 26 février et le 1er mars par une équipe de quarante experts de dix-huit agences différentes qui ont utilisé des entretiens téléphoniques et des informations provenant de différentes sources publiques. Trois conditions doivent être réunies pour qu’une famine soit déclarée : plus de 20% des foyers doivent faire face à un manque critique de nourriture, un tiers des enfants doivent être malnutris et la faim doit causer au moins deux décès par jour pour 10 000 habitants, ou quatre décès d’enfants pour 10 000 habitants par jour.
Notre analyse démontre que deux de ces conditions sont déjà largement remplies à Gaza – celle du manque critique de nourriture et la malnutrition aiguë chez les enfants – tandis que la troisième condition, celle de la mortalité, doit encore être surveillée. Nous avons remarqué une augmentation significative de la mortalité infantile, ce qui nous fait craindre que la famine peut éclater à tout moment à Gaza.
Le rapport souligne que la région la plus vulnérable est le nord de la bande de Gaza.
Effectivement, le rapport indique que l’ensemble des habitants de Gaza se trouve actuellement en pleine crise alimentaire. En décembre 2023, nous avions qualifié le risque de famine de « probable ». C’est désormais une certitude. La situation s’est fortement dégradée en très peu de temps, avec la moitié des habitants de la bande de Gaza, soit 1,1 million de personnes, exposée au niveau le plus élevé de l’échelle IPC, le niveau 5, qui est catastrophique.
D’après les données rassemblées, dans chaque famille de Gaza, des repas sont omis quotidiennement et les adultes se privent afin que les enfants puissent se nourrir. Néanmoins, les conditions les plus graves se trouvent effectivement dans le Nord. Un tiers des enfants de moins de 2 ans y est gravement malnutri. Deux tiers des ménages des gouvernorats du Nord ont passé au moins une dizaine de jours et nuits, sans la moindre nourriture, lors des trente derniers jours. Alors que dans le sud de la bande de Gaza, c’est un tiers des ménages qui ont dû subir une telle privation.
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