Depuis un certain temps, les évêques de France n’avaient pas ressenti le besoin de s’exprimer de façon aussi passionnée sur une question sociale ou une réforme proposée. Pendant des années, les scandales de violences sexuelles perpétrées par des membres du clergé ont étouffé leur voix. Mais maintenant, leur opposition à une législation envisagée est claire et incontestable.
Récemment, les leaders de l’Église catholique ont élaboré un plan pour faire entendre leur désaccord concernant la future loi sur la fin de vie par tous les canaux possibles. Ils participent à des entretiens, rédigent des tribunes, et sont invités à des émissions de télévision et de radio aux heures de grande écoute. Leur objectif est de signaler leur désapprobation forte et évidente de la réforme que le président Emmanuel Macron souhaite mettre en oeuvre.
Dans une interview conjointe publiée le 10 mars avec les journaux nationaux La Croix et Libération, le président Macron a exprimé son désir de faire adopter une loi autorisant une « aide à mourir » sous des « conditions strictes ». Pour faire entendre leur point de vue avant les débats parlementaires prévus, les évêques français se sont réunis à Lourdes (Hautes-Pyrénées) en session plénière et ont voté pour un texte collectif le mardi 19 mars.
Dans ce texte qu’ils ont voté ensemble et que Le Monde a pu obtenir, ils affirment collectivement : « Au même titre que beaucoup de nos concitoyens, qu’ils soient chrétiens ou non, croyants ou non, ainsi qu’un très grand nombre de travailleurs de la santé, dont nous reconnaissons l’engagement, la compétence et le dévouement, nous réaffirmons notre attachement à la position française de refus de la mort provoquée et à la priorité accordée aux soins palliatifs ».
Dans une déclaration récente, l’Eglise catholique française a exprimé son inquiétude concernant les commentaires du Président de la République sur un projet de loi à venir. Le chef de l’État avait décrit le projet comme une «révolution de l’humanité et de la fraternité». À cela, l’Eglise a répliqué, soulignant qu’il serait plus humain d’apaiser la douleur plutôt que de mettre fin à l’existence. Ils ont également avancé qu’il serait plus fraternel de garantir que chaque personne reçoive l’accompagnement nécessaire à la fin de leur vie, plutôt que de la terminer par un acte mortel. Selon eux, ce respect pour la vie est une valeur fondamentale de notre démocratie.
De plus, l’introduction d’une méthode pour administrer un produit destiné à permettre une mort volontaire serait une étape significative d’un point de vue anthropologique, souligne l’Eglise. L’archevêque de Tours, Vincent Jordy, soutient que, même si le Président n’a pas spécifiquement parlé de suicide assisté ou d’euthanasie, il propose implicitement ces options. Selon Jordy, ce nouveau plan change considérablement la situation actuelle. Il explique qu’auparavant, la vie était soutenue jusqu’à la fin, mais maintenant elle pourrait être écourtée par l’injection d’un produit mortel.
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