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« Élections générales en Inde: manœuvres et soupçons »

L’Inde, l’une des nations les plus densément peuplées du monde, se prépare à ses 18èmes élections législatives générales. Devenant un immense exercice à l’échelle nationale, le processus électoral s’étendra du 19 avril au 1er juin, divisé en sept étapes pour faciliter le vote de près d’un milliard d’Indiens. Rajiv Kumar, le président de la commission électorale, décrit ce spectacle comme « le plus grand exercice logistique en temps de paix au monde ».

Pour ce qui est de la mise en place, 15 millions de fonctionnaires électoraux seront mobilisés. Ils établiront un million de bureaux de vote et transporteront les machines électorales même dans les zones les plus isolées. Tout cela est en conformité avec la législation qui stipule que aucun électeur ne doit se trouver à plus de deux kilomètres d’un bureau de vote. Le résultat du vote sera rendu public le 4 juin.

Mais en dehors de la logistique, l’enjeu politique est majeur. L’actuel Premier ministre Narendra Modi, au pouvoir depuis dix ans, cherche non seulement à remporter un troisième mandat, mais aussi à obtenir une majorité qualifiée. Il vise 400 sièges parmi les 543 disponibles à la Lok Sabha, le parlement inférieur, contre 350 en 2019, qui lui conféreraient la supermajorité nécessaire pour amender la Constitution. L’inquiétude grandit parmi l’opposition qui craint que Modi ne souhaite transformer la Constitution de 1950 et instaurer un régime différent de celui établi par les pères fondateurs après l’indépendance. Cela alimente aussi des interrogations quant à l’impartialité des élections et de l’organisation qui les supervise. Les répercussions de ces élections sur les droits des électeurs demeurent un sujet de préoccupation.

L’annonce des dates du vote par la commission électorale a été tardive suite à des modifications de dernière minute concernant sa composition. Cette entité indépendante, qui est un pilier de la démocratie indienne assurant l’équité entre les candidats et le bon déroulement des élections, a vu deux de ses trois membres remplacés spontanément, sans explications fournies. Le principal parti d’opposition, le Congrès, reproche au gouvernement de saboter continuellement les institutions indépendantes. Les nouveaux membres ont été désignés suite à une loi débattue, votée par le Parlement en décembre 2023, qui donne plus de pouvoir au gouvernement dans la sélection des commissaires.

En outre, la campagne est entourée de controverses en raison du système de « bons électoraux » créé par Narendra Modi en 2017 pour financer les partis politiques. Jugé inconstitutionnel par la Cour suprême le 15 février, ce système a permis à des sociétés d’acheter, anonymement et sans restrictions, des titres de la State Bank of India qui ont ensuite été reversés aux bénéficiaires. La Cour a déclaré qu’en cachant au public l’origine et les détails de ce financement, le droit fondamental des électeurs à l’information et à un choix éclairé avant de voter est violé.

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