Lundi 18 Mars, le ministère des armées a déclaré sa coopération avec EDF pour utiliser la capacité des deux réacteurs nucléaires de la centrale de Civaux. Le but est de produire du tritium pour les armes de dissuasion, en association avec le CEA. Cette annonce pourrait résulter de la visite de Sébastien Lecornu, ministre de la défense, à Civaux dans la Vienne.
Via un communiqué, le ministère a dévoilé la collaboration entre EDF et le Département de la défense pour l’installation d’un service d’irradiation de matériaux. Cela concernerait l’exploitation des deux réacteurs de Civaux pour irradier des matériaux particuliers dans le cœur des réacteurs tout en continuant la production d’électricité. Ces matériaux, une fois irradiés, seront transférés vers un site du CEA pour la production du tritium, un gaz rare utile pour les armes de dissuasion.
Selon le ministère, ce projet est en réflexion depuis les années 1990 et fait partie d’une planification à long terme, typique des infrastructures industrielles de défense. Une convention sera signée entre l’État, le CEA et EDF, définissant le champ d’action, les droits et les devoirs de chaque partie tout en respectant les règles de gouvernance.
Cependant, la mise en œuvre de ce plan à la centrale de Civaux n’est pas imminente, comme l’a précisé Etienne Dutheil, directeur de la division production nucléaire à EDF. Il a ajouté que la modification des paramètres de fonctionnement du réacteur serait infime, mais nécessiterait une évaluation de sûreté. Le premier test est attendu pour 2025.
EDF prépare une demande de modification qui sera soumise à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et à son expert technique, l’IRSN, pour évaluation en 2024. Cette demande, si elle est acceptée, autorisera EDF à réaliser sa première série de tests. EDF planifie un premier essai pilote pendant l’une des deux interruptions prévues en 2025 à la centrale.
Le tritium, un gaz complexe à fabriquer qui se désintègre et s’évanouit spontanément, nécessite une production constante. Le ministère des armées souligne que la quantité stockée est réduite de moitié tous les 12 ans, à 75% après 25 ans, et à 99,5% après un siècle.
Le but de cette initiative, selon M. Dutheil, est de garantir aux futurs responsables de la dissuasion française qu’ils disposent de toutes les options nécessaires dans 15 à 20 ans. » ce n’est pas parce que nous avons des besoins immédiats que nous nous engageons dans ce service d’irradiation » a-t-il précisé. Il a ajouté que la centrale de Civaux a été sélectionnée pour être la plus jeune du réseau en activité, offrant ainsi la plus grande durée d’exploitation possible.
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