Solomiia Bobrovska, membre de la Verkhovna Rada, le parlement d’Ukraine, manifeste ouvertement son mécontentement envers l’administration présidentielle. Le jeudi 7 mars, la députée exprime son exaspération de n’avoir pas obtenu l’autorisation de quitter le pays alors qu’elle avait été conviée par l’ambassade américaine de Kiev pour participer à une séance de travail de dix jours à Washington, en février. Bobrovska, de l’opposition Holos, connu aussi comme « Voix », est également membre de la commission de la sécurité nationale et de la défense. Elle interprète ces interdictions comme une tentative d’étouffer leur voix et d’éloigner le Parlement des décisions cruciales, déclarant au Monde que le comportement du gouvernement est inconstitutionnel. Elle fait valoir que le Parlement est un organe indépendant qui ne devrait pas être soumis à la volonté du gouvernement.
Cependant, le cas de Bobrovska n’est pas isolé. Au cours des derniers mois, plusieurs députés des parties d’opposition Holos et Solidarité européenne, dont l’ancien président Petro Porochenko, ont publiquement exprimé leur mécontentement de ne pas avoir été autorisés par les autorités, suite à l’invasion russe, à se rendre à des événements internationaux liés à leur rôle de député.
Petro Porochenko, qui était au pouvoir de 2014 à 2019 et qui est maintenant député, a même adressé une lettre à la fin de février au Commissaire européen à l’élargissement et à la politique européenne de voisinage, Oliver Varhelyi, pour contester ce qu’il considère comme une utilisation abusive de la loi martiale et de la guerre. Selon Porochenko, le but est de « nettoyer le champ politique de l’opposition et de l’isoler de la scène internationale ».
L’ancien président, réputé pour ses relations conflictuelles avec son successeur, a été empêché de quitter le territoire national en plusieurs occasions. Il avait prévu de visiter la Pologne et les États-Unis en décembre 2023, mais le Service de sécurité ukrainien (SBU) avait justifié son interdiction par la crainte que les Russes n’utilisent une rencontre prévue entre M. Porochenko et Viktor Orban, le Premier ministre hongrois ouvertement critique envers Kiev, à leur avantage. En février, il n’a pas pu se rendre à la conférence sur la sécurité de Munich, la Verkhovna Rada citant l’absence de documents requis pour des réunions organisées entre l’ancien dirigeant et des collaborateurs occidentaux.
La divulgation de la lettre de M. Porochenko par le commissaire Varhelyi a engendré un tollé dans le pays. Ce n’est pas tant le commentaire du diplomate hongrois à propos des restrictions de l’opposition dans une démocratie qui a suscité la controverse, mais plutôt la proposition de l’ancien chef d’Etat de soulever la question de la diversité politique en relation avec le prochain rapport de la Commission européenne et l’établissement du cadre de négociations avec l’Ukraine. Olga Stefanishyna, vice-première ministre chargée de l’intégration européenne et euroatlantique, a alors reproché à ce dernier de vouloir entraver le processus d’intégration ukrainien au sein de l’Union européenne. Toutefois, les 6 et 7 mars, M. Porochenko a pu se rendre à un congrès du Parti populaire européen à Bucarest, en Roumanie.
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