Les ennemis envahissaient la France, la peur s’installait, la débâcle commençait avec une panique incontrôlée.
Mon père, âgé de 14 ans avait préparé ses modestes affaires pour suivre l’exode.
De cela, il se souvient encore de l’angoisse d’être bombardée, la foule en fuite étant une cible idéale.
Lors d’une alerte, sa grand-mère l’avait poussé avec sa sœur dans un fossé et s’était jetée sur eux pour les protéger.
Elle faisait 110 kilos, ils se sont souvenus longtemps des multiples piqûres d’ortie, de son poids étouffant et de la peur.
Par la suite, ils durent rentrer, son père, cheminot, travaillait aux dépôts de locomotives, point stratégique des convois de soldats et armes allemandes.
Celui-ci participait au sabotage et au déraillement des trains.
Pour participer à ces actions et étonner son père, avec son frère, ils avaient volé le fusil d’un garde du dépôt pendant son sommeil, très fiers d’eux.
Ils reçurent la correction de leur vie, ayant risqué « leur peau » (pris, ils auraient été fusillés sur-le-champ) et d’attirer l’attention sur leur famille.
Recherché par la Gestapo, leur père dut fuir dans le maquis, la maison fut perquisitionnée et la vie devint de plus en plus dure.
Rationnement, surveillance, pression.
Le village fut bombardé et leur maison rasée, heureusement, ils s’étaient enfuis avec le strict minimum.
Mais le réseau avait pris soin d’eux et les avait aidés pour s’héberger.
Son père fut arrêté avec d’autres, torturé (ongles et lambeaux de chair arrachés, mis en pâture aux chiens loups affamés qui se contentèrent de lécher les plaies).
Ayant craché à la figure d’un soldat allemand, celui-ci lui fendit le crâne à coup de hache.
Orphelin de guerre, pupille de la nation, mon père a encore ce regard triste à ses souvenirs indélébiles.
Il faut aujourd’hui encore honorer leur mémoire, les remercier d’avoir donné leur vie pour nous offrir un avenir.
Chérir la paix, notre liberté, nous aimer et nous respecter tous.