Le sujet « My little princess » évoque deux années de l’enfance de la réalisatrice.
Fille de la photographe Irina Ionesco, elle pose pour sa mère, femme fantasque et obsédée par Marlène Dietrich.
La photographe met en scène les beautés féminines dans des nus provocants et accessoirisés.
Dans sa recherche, elle abuse de la pureté de sa fille, mettant son corps en scène de manière sexualisée.
Une relation pervertie A mesure qu’est reconnu le talent de la mère, s’insinue chez l’enfant un sentiment paradoxal.
Occupant enfin une place auprès de cette mère distante, elle réalise n’en être que l’objet.
Prenant conscience des dérives incestuelles que constituent les séances de pose, la jeune fille refuse les mises à nu que prétend lui imposer sa mère, rejetant ce jeu pervers.
Les dangers de l' »adultisation » Placée en position d’adulte sexuellement mature, le corps magnifié par la mère en miroir du sien, l’enfant ne peut que se sentir dépossédée de sa propre individualité et de ses projets de vie personnels.
Admirée et jalousée, puis stigmatisée et rejetée par ses pairs, l’enfant s’enferme dans une marginalité dont elle joue et jouit avant d’en percevoir la portée destructrice.
L’inquiétude de l’environnement scolaire, puis social, sera insuffisant pour la protéger, tant semble impossible à penser la souffrance de cette petite fille.
Un sauvetage cher payé Le secret familial qui a initié ces dérives parvient à être levé, délivrant l’enfant de son fardeau de conformité.
Elle trouvera par elle-même le moyen de quitter cet univers qui la maltraite et nie sa condition d’enfant, parvenant à se sauver.
Des actrices remarquables Isabelle Huppert, magistrale dans le rôle de la mère, parvient à rendre palpable la folie de l’instant.
Elle donne la réplique avec une justesse toujours renouvelée à la jeune Anamaria Vartolomei, dont la prestation est à saluer.
Il convient d’accorder une mention spéciale à la grand-mère, vieille femme d’origine roumaine porteuse d’une histoire terrible, qui voit tout mais ne dit rien, comme sidérée par son propre passé.
Et dans la vraie vie… Les séances de pose ont duré dix ans.
N’ayant eu de cesse de réclamer l’arrêt de la diffusion commerciale des photos la représentant, Eva Ionesco n’a à ce jour pas obtenu gain de cause.
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