Anniversaire Commençons par rappeler que nous fêtons cette année le centenaire de la naissance de Cioran.
A cette occasion, de nombreuses manifestations ont été organisées dans son pays natal, mais également dans son pays d’adoption.
L’heure est également venue, 15 ans après sa disparition, de porter un regard apaisé sur un penseur méconnu et encore considéré comme sulfureux.
Principaux jalons de l’œuvre 1934 : Sur les cîmes du désespoir est son premier ouvrage publié, en langue roumaine.
Sa marque de fabrique s’impose déjà : le choix de la forme brève et l’exploration opiniâtre du scepticisme, en tant que philosophie.
Ses cinq livres suivants seront écrits dans sa langue maternelle.
1949 : Précis de décomposition paraît.
Il s’agit là de sa première œuvre parue en français, que d’aucuns considèrent comme l’un de ses chefs d’œuvre.
Il y réaffirme l’emploi du syllogisme et de l’aphorisme.
En 1973 paraît De l’inconvénient d’être né, considérée également comme l’une de ses maîtresses œuvres.
Il creuse le sillon de sa manière de prédilection : l’aphorisme incisif.
Notons au détour l’une des caractéristiques de Cioran : le génie des titres percutants.
1986 : Exercices d’admiration.
Contrairement à la majeure partie de ses œuvres, celle-ci est rédigée en prose.
Cioran y portraiture des écrivains et des philosophes – pour certains méconnus (Fondane et Weininger, notamment) – qu’il révère et auxquels il rend hommage.
En conclusion Plutôt bien reçue dans les médias, son œuvre a jusqu’à présent connu un relatif succès auprès du grand public, du fait de la complaisance à la délectation morose qui s’y manifeste.
Le mystère de l’homme privé – confort modeste de son intérieur et refus des honneurs et des prix, exception faite du prix Rivarol qu’il accepta pour des raisons alimentaires – contribue à déformer et finalement à escamoter la portée réelle d’un écrivain qui évoque, à ceux qui l’ont lu, le beau mot de profondeur.