De Raphaël à Delacroix : peinture et poésie Le poète Henri Heine écrivait : « Chopin est le Raphaël du piano.
Dans sa musique, chaque note est une syllabe, chaque mesure un mot, chaque phrase une pensée ».
Intéressante comparaison : Raphaël était peintre et Heine emploie un vocabulaire littéraire.
Frémissements colorés Franz Liszt, un des amis de Chopin, a commenté l’usage du tempo rubato (un jeu qui ne se soucie pas de la rigueur impitoyable du métronome, mais qui laisse des respirations dans la musique).
« Supposez un arbre que le vent fait ployer.
Entre ses feuilles, passent les rayons du soleil et la lumière tremblotante qui en résulte, c’est le rubato ».
La voix du piano Chopin donnait des cours de piano.
Passionné par l’opéra, il comparait l’interprétation d’un morceau de piano à un chant et répétait à ses élèves : « vous devez chanter, si vous voulez jouer du piano« .
Il insistait sur les respirations, au point que Schumann disait des Préludes de Chopin : « on les reconnaît jusque dans leurs silences ».
La note bleue Un soir à Nohant, dans le Berry, chez George Sand, Chopin, Delacroix et le fils de Sand, Maurice, son élève peintre, songent tout haut.
Chopin est au piano.
Mais il ne joue pas encore.
La nuit tout autour délivre ses parfums d’été.
Delacroix s’exclame « tout est reflet » et Maurice réplique : « et le reflet du reflet ? « Diable ! » explose Delacroix.
« Tu en demandes trop ! » Chopin se met à improviser.
Mais il s’arrête.
« Eh bien », lui intime Delacroix, « ce n’est pas fini ! « .
Ce n’est pas commencé » répond Chopin, « rien ne me vient, rien que des reflets, des ombres, des reliefs qui ne veulent pas se fixer.
Je cherche la couleur, je ne trouve même pas le dessin ».
« Vous ne trouverez pas l’un sans l’autre » reprend Delacroix, « et vous allez les trouver tous les deux ».
« Mais si je ne trouve que le clair de lune ? » hasarde Chopin.
« Vous aurez trouvé le reflet d’un reflet » répond Maurice.
George Sand raconte : « l’idée plaît à l’artiste, puis la note bleue résonne et nous voilà dans l’azur de la nuit transparente ».
Cette note bleue est une façon de donner un nom au mystère de la création.
Heureusement, aucune analyse n’en délivrera le secret !
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