Ses trois premiers ouvrages : « De l’adieu à l’oubli » (1923), « Pour elle » (1925) et « Les ténèbres peintes » (1926) préfacées par Philippe Soupault préfigurent l’ouvrage qui va lui apporter la notoriété : « Rimbaud le Voyant » (1929), lequel va lui valoir autant de réactions hostiles que d’éloges.
Dès lors, l’essayiste prendra le pas sur le poète qui ne réapparaîtra qu’en 1948 avec « La Nuit, l’esprit ».
« Rimbaud le Voyant » analyse la « Lettre du voyant » de Rimbaud ainsi que le silence rimbaldien dans lequel, selon Renéville, il faut voir le désir de retrouver les racines d’une conception moniste du monde : « S’exprimer, écrit-il, suppose une dualité puisque c’est communiquer, établir des rapports.
Dans le cas d’une union complète et définitive avec tout ce qui existe, l’expression cesse même d’être concevable ».
À la même époque, Renéville participe activement à la revue « Le Grand Jeu » (1929-1932) aux côtés de René Daumal et de Roger Gilbert-Lecomte, revue au sein de laquelle il pourra pleinement élaborer ses thèses.
Dans « L’expérience poétique » (1938), il montre combien « les rythmes informulés de l’inconscient restent plus purs que les paroles qu’ils suscitent » et affirme que « les mots qui affleurent à la surface de l’esprit perdent une partie de leur rayonnement lorsque le poète les prononce », parce que, Idée devenue matière, le mot est en somme une perversion de l’idée.
Parmi ses contemporains, Michaux, Blanchot ou encore Paulhan sont ici très proches de lui.
Après cet ouvrage majeur, très affecté par la dissolution du « Grand Jeu » que d’aucuns lui reprochent, il ne publiera plus d’ouvrages de cette envergure : « Univers de la parole » (1944) regroupe de nombreux articles parus en revue, mais n’apporte pas d’éclairage nouveau.
Reconnu comme l’un des meilleurs exégètes de Rimbaud, il assumera l’édition des « Œuvres complètes » de celui-ci dans La Pléiade (1946), et laissera à sa mort prématurée en 1962 un ouvrage posthume, « Sciences maudites et poètes maudits » (publié en 1997) qui prolonge et amplifie la réflexion entamée dans les années 1930.
Bibliographie « Sciences maudites et Poètes maudits », Le Bois d’Orion, 1997.
« Rimbaud le Voyant », Le Grand Souffle, 2003.
« L’Expérience poétique », Le Grand Souffle, 2004.