Dans «Memento», Chistopher Nolan met en scène Léonard Shelby, un expert en assurance cherchant à venger le meurtre de sa femme, évènement au cours duquel il a perdu sa mémoire immédiate.
Noirceur assumée Monté en ordre antichronologique, le film est tourné de façon à ce que le spectateur s’identifie au maximum à Léonard et suive exactement les mêmes méandres.
En inversant l’ordre des scènes, Nolan laisse le spectateur se mettre dans la situation de Léonard, c’est-à-dire confronté à une situation immédiate sans aucune explication.
Chaque scène correspond d’ailleurs à la durée maximale durant laquelle Léonard est capable de se souvenir.
Le résultat est surprenant.
On constate les faits, cherche des solutions et parfois même on souffre en même temps que le personnage.
Cette familiarité est d’ailleurs renforcée par l’utilisation du noir et blanc, plongeant le spectateur encore un peu plus dans le film.
S’agirait-il là d’une facétie de Nolan, lui-même daltonien ? Casting impeccable Qu’il s’agisse de Guy Pearce ou de Carrie-Anne Moss, on ne peut que souligner la performance des acteurs.
Les fausses notes se limitent à quelques fragments de scènes et sont rapidement rattrapés par un des nombreux remous du film.
Malgré toute la difficulté du scénario et celle d’introduire des personnages en commençant par la fin, l’exercice est réussi.
On pourra également s’amuser au jeu des comparaisons avec les autres films du réalisateur.
Il y a assurément de l’ADN commun entre Léonard et le Grand Danton (Le Prestige) ou encore le personnage de Cobb (Inception).
Nolan aime décidément les héros torturés par leurs souvenirs.
Nous aussi ?