Dans sa maison modeste située au sud de Birmingham, proche de la fabrique de chocolats Cadbury et du campus universitaire de la seconde métropole de l’Angleterre (101 conseillers municipaux pour une population de 1,15 million de personnes), Jean Cross nous accueille. Vêtue d’un tee-shirt avec l’inscription « Save Harborne Day Centre », cette sexagénaire dynamique s’est lancée avec détermination dans la lutte pour la sauvegarde du centre de jour pour les personnes handicapées que son frère Robert, tétraplégique de 62 ans, fréquente depuis plus de quatre décennies.
Selon une annonce faite par le conseil municipal de Birmingham le 15 octobre, le centre fermera définitivement ses portes le 31 mars 2025, avec trois autres des neuf centres pour adultes de la ville. Jean Cross affirme que son frère se rend au centre de 9h30 à 14h30, ce qui correspond à ses uniques moments de repos. Robert, comme plusieurs autres patients lourdement handicapés, a ses habitudes à Harborne.
La municipalité suggère de transférer les patients vers l’un des cinq centres qui restent ouverts. Jean Cross s’inquiète cependant du rallongement considérable du temps de transport que cela impliquerait pour Robert qui ne peut supporter de passer des heures dans le bus chaque jour.
Jean Cross reste déterminée malgré la décision de la ville : « Je me battrai jusqu’au bout. Je n’ai rien à perdre. » Elle projette d’assister à la réunion du conseil municipal en novembre pour protester contre la fermeture de ce centre essentiel dont le coût de fonctionnement est d’un demi-million de livres sterling par an (environ 600 000 euros). Selon elle, c’est bien moins cher que des soins à domicile ou l’inefficacité du logiciel Oracle.
La charge fiscale locale a également augmenté de 21%.
En septembre 2023, Birmingham a été confrontée à une crise financière majeure après l’échec de l’implémentation d’un système de paie Oracle, qui a englouti au moins 100 millions de livres. Sa situation s’est encore aggravée lorsque le conseil municipal, dominé par les travaillistes, n’a pas réussi à anticiper une action en justice concernant l’égalité de rémunération, qui a mobilisé des milliers d’employées, obligeant la ville à allouer 700 millions de livres pour faire face à ces réclamations. Conformément à la loi anglaise exigeant que les communes équilibrent leurs comptes, Birmingham s’est trouvée sous l’administration de « commissaires », des spécialistes nommés par le gouvernement conservateur de Rishi Sunak, pour rectifier la situation à la fin de 2023. En mars, sous la pression des commissaires, la ville a validé une augmentation de 21% des taxes locales, éliminant 600 postes municipaux et déterminant plus de 300 millions de livres d’économies à réaliser au cours des deux années suivantes. Ces mesures ont entraîné de sérieuses réductions dans les services sociaux de la ville.
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