Certaines actions parlent plus fort que les mots, en particulier lorsqu’elles proviennent de sources inattendues. Prenez par exemple l’Australie, connue pour sa riche industrie du charbon, qui a récemment dévoilé son projet audacieux d’ériger la ferme solaire la plus massive de la planète, nommée SunCable. De plus, l’Arabie saoudite, célèbre pour son exploitation pétrolière, a commencé à semer des projets solaires de grande envergure tels que Sudair à travers son vaste désert. Dans un autre coin du monde, le Texas, un puissant producteur de pétrole et de gaz aux États-Unis, voit la multinationale TotalEnergies se préparer à lancer Danish Fields et Cottonwood, deux de ses installations solaires les plus vastes.
Ces avancées notables des régions largement dépendantes des combustibles fossiles vers l’adoption massive de technologies à faible émission de carbone sont révélatrices. Cette transition rapide ne signifie pas qu’elles renoncent complètement au charbon, à l’huile ou au gaz, mais plutôt qu’elles reconnaissent la nécessité d’évoluer. Au cours de la dernière décennie, l’industrie de l’énergie solaire a connu une croissance stupéfiante que même les défenseurs de l’environnement les plus passionnés n’avaient pas prévue. « Aucune autre source d’électricité n’a réussi à passer de 100 TWh [téra watt-heures] à 1000 TWh aussi rapidement », ont déclaré les experts de Ember, une agence de conseil britannique spécialisée dans l’énergie, dans l’un de leurs rapports. Ils ont souligné que cette prouesse a demandé seulement huit et douze ans respectivement pour l’énergie solaire et éolienne, bien moins que pour le gaz (28 ans), le charbon (32 ans) et l’hydroélectricité (39 ans).
Au cours de cette année, le monde est sur le point d’augmenter sa capacité d’installation de 29 % (593 GW) par rapport à 2023, une progression qui suit une augmentation de 87 % enregistrée en 2022. Cela signifie que nous produisons maintenant en deux jours ce qui était généré en un an il y a deux décennies. « En somme, les 593 GW qui seront installés en 2024 généreront une quantité d’énergie équivalente à celle de 40 réacteurs nucléaires similaires à ceux de Flamanville », déclare Alain Grandjean, co-fondateur et partenaire du cabinet de conseil Carbone 4.
La rapidité de ce développement suggère que, d’ici 2040, le solaire pourrait devenir la principale source d’énergie primaire mondiale, comme le prévoit le scénario de neutralité carbone de l’Agence internationale de l’énergie. Il pourrait potentiellement supplanter le pétrole. « Actuellement, le pétrole compte pour 31 % de l’énergie primaire mondiale. D’ici 2050, le solaire pourrait probablement jouer un rôle similaire », prédit Philippe Gauthier, analyste des tendances futures chez Coboom, à Montréal.
L’expert souligne que ces deux industries sont structurées différemment. À l’écart du pétrole, qui doit être extrait du sol laborieusement, l’énergie solaire peut être fabriquée à l’usine. Celle-ci est aisément automatisable et miniaturisable. C’est une évolution comparable à celle de l’informatique, où la loi de Moore a prédit une accélération des performances, une réduction de la taille et une diminution des coûts des ordinateurs.
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Ce type de mesure serait-il envisageable en France ?
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