La prévue installation d’une double usine de recyclage de batteries de voitures électriques à Dunkerque dans le nord de la France en 2027 ne se réalisera pas, du moins pas comme prévu initialement. Eramet, la société minière française qui pilotait le projet en collaboration avec Suez, avait déclaré il y a un an son intention de s’établir à côté des prochaines gigafactories de batteries pour véhicules électriques, Verkor et Prologium. Cette initiative était perçue par les acteurs économiques locaux comme étant vitale dans cette région de Hauts-de-France qui aspire à devenir la vallée européenne de la batterie électrique.
Cependant, le jeudi 24 octobre, Eramet a fait part de sa décision d’interrompre le projet dunkerquois « en attente d’un modèle économique viable et durable en Europe ». Dans un communiqué, la société indique: « En raison de l’absence d’une progression significative des usines de batteries en Europe et de leurs composants, des incertitudes marquées persistent quant à l’approvisionnement en matières premières de l’usine et à la commercialisation des sels métalliques issus du recyclage ». Tout en réaffirmant sa croyance en « la nécessité de développer une économie circulaire des métaux critiques sur le territoire européen », Christel Bories, PDG d’Eramet, a justifié cette décision en mentionnant que « la chaîne de valeur des batteries électriques en Europe rencontre des difficultés majeures pour démarrer ».
Cette situation représente un sérieux obstacle pour l’avenir du projet. Par ailleurs, le retrait d’Eramet et les raisons invoquées par l’entreprise sont également des signaux alarmants pour le processus de réindustrialisation de la région, qui repose largement sur la création d’une chaîne de production complète de la batterie automobile entre le Nord et le Pas-de-Calais. L’on parle ici d’un optimisme excessif.
Patrick Vergriete, le maire de Dunkerque, reste serein malgré la « suspension » du projet par Eramet. Il souligne la transformation industrielle en cours dans sa ville et les 20 000 embauches prévues d’ici à la fin de la décennie. Il rappelle qu’il y a une décennie, Dunkerque cherchait activement des investisseurs. Aujourd’hui, la ville est en position de choisir les projets qui lui conviennent. Il exprime un intérêt pour de nouveaux projets en dehors du secteur automobile, notant une dépendance excessive à ce dernier.
Avant d’aborder le recyclage de vieilles batteries, Eramet-Suez envisageait de commencer par les déchets de production des gigafactories à venir en Hauts-de-France, dont les débuts sont prévus jusqu’en 2030. Jusqu’ici, seule ACC (une collaboration entre Stellantis-Total via Saft et Mercedes) a débuté la production à Douvrin-Billy Berclau (Pas-de-Calais), mais n’a pas atteint les objectifs prévus. Sa progression est plus lente qu’espéré. Yann Vincent, le PDG de ACC, a admis en octobre qu’ils avaient été « trop optimistes dans un secteur très complexe » malgré une augmentation de la production quotidienne.
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