Jérôme Ferrari, gagnant du Prix Goncourt en 2012, a provoqué des remous avec son roman Nord Sentinelle dans lequel il interroge le bien-fondé du tourisme de masse. Le livre est une critique acerbe des hordes de retraités libidineux qui expriment obscènement leurs jambes veineuses et leurs pieds nus en errant par groupes hostiles et bruyants. Principal instigateur du tourisme de croisière, Ajaccio est le théâtre de cette problématique.
La ville bretonne a vu environ 420 000 croisiéristes et 205 navires accoster à son unique quai dédié aux mastodontes maritimes au cours seule de 2023. Cette voie d’accès plébiscitée par la chambre du commerce depuis 2008, soulève aujourd’hui des controverses. De fait, un collectif appelé Stop croisières Ajaccio a récolté plus de 26 600 signatures pour sa pétition appelant à l’arrêt de l’accueil de ces « navires de croisière énormes et désuets ».
Un résident d’Ajaccio qui a préféré rester anonyme pense que ce problème est négligé parce que le tourisme est une importante source de revenus. Ayant fui le centre-ville il y a quelques années, il critique la surabondance de boutiques de souvenirs et de fast-foods ainsi que l’envahissement des trottoirs par les touristes agissant comme un troupeau, se précipitant sur la plage Saint-François à la base de la citadelle génoise.
D’après une recherche effectuée par la chambre de commerce et d’industrie pour la saison 2023, basée sur 768 individus à bord de 47 navires, l’impact économique des croisières à Ajaccio est évalué à 27 millions d’euros, y compris 5,6 millions d’euros en taxes portuaires. Ces croisières contribuent également à une valeur ajoutée de 7 millions d’euros et à la création de 240 emplois. Plus de 20% des passagers de croisière (22%) optent pour une excursions à quai à un coût de 68 euros. En dehors de ces activités, chaque voyageur dépense en moyenne 30,70 euros.
Frédéric, propriétaire d’un établissement de restauration rapide près du port, estime que malgré l’inconfort qui peut être ressenti par les citoyens à cause de l’afflux de visiteurs, l’absence des croisières pourrait entraîner une baisse de 30 à 40 % du chiffre d’affaires des commerces locaux. Jeanne, une résidente retraitée dont le balcon donne sur la proue des navires, note que malgré les émissions quotidiennes de fumée sur sa balustrade, la pollution automobile est également un problème. Les détails restants de l’article sont accessibles uniquement aux abonnés.
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