Catégories: Economie
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22 octobre 2024 14 h 47 min

Compromis Sanofi-État pour Doliprane

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Le célèbre Doliprane est sur le point de commencer un nouveau chapitre de son histoire. Après plus de cinquante ans sous le contrôle de Sanofi, sa société mère, le médicament le plus vendu en France sera bientôt géré par le fonds d’investissement américain CD & R.

Le lundi 21 octobre, le laboratoire pharmaceutique a confirmé l’arrivée imminente de l’investisseur étranger, avec qui il mène actuellement des négociations exclusives de 50% du capital d’Opella, sa filiale dédiée aux médicaments en vente libre et aux compléments alimentaires. Avec un chiffre d’affaires de 5,2 milliards d’euros et un portfolio de plus d’une centaine de marques, la division de santé grand public du laboratoire français a attiré de nombreuses convoitises depuis l’annonce du projet de vente en octobre 2023.

L’annonce de la vente future a déclenché une controverse importante en France, où elle emploie 1700 personnes. Cela est dû à l’affection des Français pour le Doliprane. Paul Hudson, le PDG de Sanofi, en est bien conscient. L’homme d’affaires britannique, qui a découvert la petite boîte jaune lorsqu’il a pris la tête du groupe pharmaceutique en 2019, promet que l’antidouleur préféré des Français gardera son indépendance nationale.

Sanofi, souhaitant se concentrer sur le développement de médicaments innovants et de vaccins, a entrepris de nombreuses restructurations dans cette direction ces dernières années. En 2022, il avait décidé de se séparer de sa division de principes actifs en la mettant en Bourse sous le nom d’Euroapi.

La vente de sa filiale de médicaments sans ordonnance, Opella, qui abrite le Doliprane, a suscité de nombreuses réactions en France. Cela vous surprend-il ?

Je suis conscient de l’agitation qui a suivi, cependant, on n’a jamais prévu de faire des concessions concernant le Doliprane. Du fait de la pandémie de Covid-19, j’ai pu voir à quel point il est vital pour les Français. On a augmenté notre production pour fabriquer des dizaines de millions d’emballages supplémentaires à cette période, bien plus que tout ce qu’on avait produit avant. Les gens stockaient ces boîtes dans leurs placards à médicaments pour parer à toute éventualité. Cela illustre à quel point les Français sont attachés à ce remède. Le Doliprane est considéré, de plusieurs façons, comme un membre sûr de la famille. Aucun débat sur sa prééminence n’a jamais eu lieu.

Pourquoi avez-vous décidé de vous séparer de cette filiale, qui est pourtant lucrative, avec une marge d’exploitation de 27,8 %?

Sanofi aspire à être un acteur majeur dans le monde de la biopharmacie. Nous cherchons à devenir le leader mondial en immunologie. Pour y arriver, nous avons besoin d’investir dans la recherche pour créer des médicaments révolutionnaires. Quant à Opella, l’entreprise a énormément progressé au cours des cinq dernières années et nécessite des investissements pour poursuivre son expansion et faire des acquisitions. Cependant, quand il s’agit de décider où investir nos ressources, nous favorisons davantage l’immunologie que les produits disponibles sans ordonnance. D’où la nécessité pour Opella de prendre son indépendance à présent.

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