Les responsables de l’Entité européenne d’Alsace (CEA) ont unanimement validé le concept d’une taxe sur les poids lourds le lundi 21 octobre, dans le but de diminuer le trafic de transit et la pollution, en dépit de l’opposition des figures économiques locales.
Formée en 2021 par la consolidation des conseils de départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, la CEA a pris la gestion des routes et autoroutes non attribuées sur son territoire. Elle envisage l’instauration d’une taxe, nommée R-Pass, de 0,15 euros/kilomètre sur les camions pesant plus de 3.5 tonnes qui circulent sur l’axe nord-sud (A35 et A36) et sur deux autres routes, qui jouent la liaison avec l’Allemagne.
L’objectif de cette collectivité est d’augmenter « la fluidité et la sécurité » du trafic, diminuer « la pollution atmosphérique et sonore», prévenir la détérioration des routes et « rééquilibrer le trafic de transit entre l’Allemagne et la France ».
En Allemagne, les organismes gouvernementaux ont établi une taxe dès 2005, qui s’élève à 0,34 euros / kilomètre depuis janvier 2024. Ce rehaussement de la taxe allemande a occasionné une hausse de trafic de presque 20% au cours du premier semestre, et de 30% en août et en septembre sur l’axe autoroutier nord-sud d’Alsace. Selon les dires de Frédéric Bierry, président de la CEA, lors d’une session plénière à Colmar (Haut-Rhin), « Notre région devient un aimant à camions, une décharge pour tout le transit international », a souligné le responsable divers droite.
M. Bierry a déclaré qu’il existait « une forte demande » pour une régulation plus efficace de ce trafic. Il a promis que le R-Pass se manifestera par une diminution du bruit, une amélioration de la qualité de l’air, et un environnement moins pollué pour ceux qui vivent à proximité de ces routes. Il a également souligné les économies potentielles, ainsi que l’état amélioré des routes et la réduction des travaux d’entretien et de rénovation nécessaires.
Cependant, cette taxe pourrait être dévastatrice pour certaines entreprises en Alsace, selon de nombreux acteurs économiques de la région. Entre 100 et 150 personnes ont protesté devant le siège de la CEA à Colmar lundi matin, tandis qu’une centaine de manifestants, dont de nombreux agriculteurs, ont déposé des pneus devant les bureaux de la CEA à Strasbourg.
Dans un communiqué conjoint, les présidents des chambres de commerce, d’agriculture et des métiers d’Alsace – Jean-Luc Heimburger, Denis Nass et Jean-Luc Hoffmann – se sont exprimés sur la question. Ils se demandent pourquoi la CEA impose ce nouveau risque à nos entreprises et aux emplois avec cette taxe.
S’appuyant sur une étude d’impact de Deloitte commandée par la CEA, ils affirment que cette taxe pourrait prélever 64 millions d’euros par an sur l’économie, avec la possibilité de supprimer 1 500 emplois en Alsace dans le secteur du transport, tout en augmentant les prix pour les consommateurs.
Le 7 octobre, une manifestation sous forme d’opération escargot avait été organisée par la Fédération nationale des transporteurs routiers.
Certains intervenants, y compris la Fédération des travaux publics d’Alsace, ont néanmoins manifesté leur approbation pour le projet, en notant que les revenus seraient redistribués à l’économie locale, comme l’a garanti Frédéric Bierry. Notamment, cette taxe vise à financer l’élargissement à trois voies dans chaque sens de la route qui relie Colmar à Sélestat (Bas-Rhin), un projet d’une valeur de 150 à 200 millions d’euros.
Lundi, Frédéric Bierry a affirmé que les discussions se prolongeraient pendant encore au moins une année pour décider des conditions de réalisation et d’examiner « des dédommagements potentiels pour toutes les entreprises car, il va de soit, notre but est de diminuer le trafic de transit, mais pas de nuire à l’économie ».
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