Lors de l’annonce des résultats financiers annuels d’Ikea en France, le jeudi 17 octobre, Johan Laurell, PDG de la compagnie, a souligné incessamment les efforts remarquables qu’avait fournis le colosse suédois au cours de l’année 2024 pour contrer les enjeux de pouvoir d’achat des foyers. « En 2024, 2000 de nos tarifs ont été réduits, en moyenne de 18 % », une décision qui a coûté à Ikea près de 200 millions d’euros sur le marché français, son troisième plus grand marché. Cela a permis au leader français du mobilier de maintenir son image de magasin abordable tout en attirant 57,8 millions de clients, soit une hausse de 2,1% par rapport à l’année précédente. « Nous avons réussi à accroître notre part de marché », a déclaré M. Laurell, sans pour autant révéler les chiffres exacts.
Cependant, ses revenus ont diminué de 3,6% en France lors de son dernier exercice financier (de septembre 2023 à août 2024), avec 3,7 milliards d’euros, par rapport à une croissance de 16% l’année précédente. À l’échelle globale, les ventes d’Ikea ont chuté de 5% en un an, pour atteindre 39,6 milliards d’euros.
Dans la même durée, la baisse du marché du meuble s’est révélée à hauteur de 6,3 % en valeur et près de 12 % en volume, comme l’explique Christophe Gazel, le chef de direction de l’Institut de prospection et d’études de l’ameublement (IPEA). Par ailleurs, il y a eu des variations à noter. Le secteur de la literie a connu une meilleure performance (-2%) comparativement à celui de la cuisine (-10%). Le revirement dans le marché immobilier est en grande partie responsable de ceci : environ 48% des ventes de cuisine (et 30% des ventes de meubles), sont liés à une vente de biens immobiliers, ce qui a grandement affecté le marché, comme le note ce spécialiste. De plus, les choix budgétaires des ménages ont également impacté le marché. « C’est typiquement des achats qui sont facilement reportés », ajoute M. Gazel. Étonnamment, depuis le début de l’année, les retraités ont décidé de mettre en veille leurs dépenses pour leur maison, une situation qui a été exacerbée par des tensions économiques.
Par contre, si Ikea s’en sort mieux que le marché en général, c’est grâce à ses récents changements stratégiques. La firme a misé sur des équipements personnalisés et sur l’aide à la conception dans l’aménagement des pièces de la maison. De nouveaux espaces commerciaux, plus petits et davantage orientés vers le « conseil », sont apparus pour aider les consommateurs à réaliser leurs projets, avec l’aide de la réalité virtuelle pour mieux visualiser leur future cuisine ou salle de bains. En France, il existe six « Ateliers de conception et commande » et Ikea envisage d’en ouvrir davantage. « Cinq à dix de plus, peut-être », comme le dit M. Laurell. Le prochain ouvrira ses portes à Paris, plus précisément dans le 17e arrondissement, à la fin du premier trimestre 2025, et sera entièrement dédié à la cuisine.
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