« À la veille d’une révolution mondiale de l’intelligence artificielle (IA), l’Europe ne peut se permettre de rester enlisée dans les technologies obsolètes. C’est le cri de ralliement du rapport récent de Mario Draghi, qui insiste sur le nécessaire déverrouillage du potentiel d’innovation européen. Pour éviter d’être relégués technologiquement, Draghi, dans son guide publié le 9 septembre, préconise un investissement plus important, plus ciblé et une régulation moindre. Il met en avant que les entraves réglementaires à l’expansion sont particulièrement pesantes dans le secteur technologique, touchant principalement les start-ups. L’ancien président de la Banque centrale européenne cite plus de 100 lois orientées vers la technologie et plus de 270 régulateurs numériques présents en Europe.
Le rapport a été bien reçu dans l’industrie tech européenne. Selon Maya Noël, directrice générale de l’association de start-up France Digitale, il n’y aurait pas eu un tel discours il y a quelques années et le rapport est en accord avec les constats sur l’absence de mastodonte numérique européen et le manque de compétitivité vis-à-vis des États-Unis. Matthieu Rouif, co-fondateur de la start-up IA de retouche photo Photoroom, affirme également que le rapport est pertinent et que l’Europe doit pouvoir expérimenter comme les autres acteurs internationaux, sans désavantage. Philippe Corrot, cofondateur et PDG de Mirakl, une entreprise qui développe des outils d’IA pour le commerce électronique, souligne que la réglementation européenne du numérique est déjà trop lourde, entraînant des coûts et des délais de mise en conformité, et que si cette tendance se poursuit dans la régulation de l’IA, ce sera un retard irréparable car cette technologie est cruciale.
« Réglementation Bacs à sable » »
Le rapport Draghi offre un équilibre entre le libéralisme (réduction de la régulation) et la politique industrielle (soutien des secteurs), mettant en lumière les positions de la France et d’Emmanuel Macron. Macron a en effet commandé un rapport sur l’intelligence artificielle (IA) de la Commission en mars et a contesté certaines directives européennes à cet égard. Pour les start-ups, l’œuvre de l’ancien président du conseil italien est perçue moins comme une série de mesures spécifiques à mettre en œuvre, mais plus comme une direction générale à suivre.
Maya Noël apprécie l’idée de s’inspirer de la Darpa, l’agence d’innovation de l’armée américaine, pour le Conseil européen de l’innovation, notamment avec l’idée de passer des précommandes aux entreprises technologiques. Le rapport préconise également la promotion de l’échange de données ouvert entre les entreprises dans le but d’entraîner des logiciels d’IA dans divers secteurs comme l’automobile, la pharmacie, l’énergie, l’agriculture…
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