Dans un rapport publié récemment, l’organisation non gouvernementale Reclaim Finance soulève des préoccupations concernant l’adhésion des grandes banques françaises à leurs engagements de cesser le financement de l’industrie du charbon, arguant que ces institutions pourraient avoir recours à des pratiques « trompeuses ». Bien que reconnaissant les progrès faits par les quatre leaders financiers français, à savoir BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE, l’ONG dénonce d’éventuelles « failles » dans leurs stratégies de retrait du secteur du charbon.
Depuis 2016, suivant l’accord de Paris sur le climat, ces établissements ont pris des engagements, régulièrement actualisés, visant à mettre fin d’ici 2030 à toute exposition au charbon de leurs portefeuilles de crédit pour les pays de l’OCDE et de l’Union Européenne, et à partir de 2040 pour le reste du monde.
Ces décisions ont indéniablement entraîné une réduction du financement du secteur du charbon. Reclaim Finance note une baisse de 59 %, à 924 millions de dollars (soit environ 848 millions d’euros), entre 2019 et 2023, des financements (emprunts et part dans les émissions de titres) accordés par ces quatre banques françaises aux entreprises figurant sur la Global Coal Exit List. Cette liste, créée par l’ONG allemande Urgewald, recense les 1 400 principaux acteurs du secteur du charbon thermique. Cependant, l’ONG évoque une possible incohérence entre les discours et les actions de ces institutions financières.
Pour mettre en perspective, en 2023, les financements des banques chinoises ont grimpé à 88 milliards de dollars, tandis que les banques américaines ont atteint 20 milliards de dollars, selon les données publiées en juin par Urgewald. Yann Louvel, analyste chez Reclaim Finance, déclare que bien que des progrès aient été réalisés depuis 2020, il existe un décalage notable entre les déclarations et les actions. Il est manifestement préoccupant de continuer à apporter un soutien financier aux entreprises qui poursuivent l’exploitation de nouvelles mines et la construction de nouvelles centrales à charbon.
L’ONG critique notamment la manière dont les banques appliquent leurs politiques d’exclusion à des entreprises directement impliquées dans l’industrie du charbon, mais pas à leur société mère. Elle condamne également les exemptions accordées si l’entreprise qui développe un projet de charbon en détient moins de 50 %, ou encore les décisions de crédit basées sur des documents confidentiels.
L’organisation reproche également aux banques de continuer à financer vingt-six groupes « problématiques » de l’industrie du charbon, dont Mitsubishi du Japon et Posco de Corée du Sud, qui continuent d’augmenter leur production d’électricité à partir de charbon. C’est aussi le cas de Glencore, une grande entreprise minière qui augmente sa capacité de production annuelle de charbon, et des entreprises d’électricité américaines telles que American Electric Power et NRG Energy, pour lesquelles aucune date de sortie de ce secteur n’a été fixée.
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