Catégories: Economie
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14 octobre 2024 9 h 44 min

Nouveau billet froisse jeunes mariés

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Au Japon, le dernier billet de 10 000 yens (environ 62 euros) est source de controverse, en particulier chez les nouvelles épouses et les jeunes couples. Le problème ne réside pas dans le billet lui-même, mais dans l’homme qu’il représente : Eiichi Shibusawa, qui a été émis depuis juillet. Shibusawa (1840-1931), un industriel, philanthrope, et auteur prolifique, a été sélectionné pour sa représentation de la réussite et de l’internationalisation, selon Patrick Fridenson, un historien spécialisé en 2021, et symbolise un Japon pacifique et international.

Cet homme est vu comme le « père de l’économie japonaise moderne » mais il a également une réputation d’infidélité notable, allant jusqu’à permettre à sa maîtresse de vivre chez lui, sous le même toit que son épouse.

Ce point devient problématique lors des mariages au Japon, où il est coutume de remettre une enveloppe contenant une somme d’argent à l’accueil de la cérémonie. La politesse veut que seuls des billets neufs soient utilisés, ce qui signifie généralement ceux marqués à l’image de Shibusawa. Cependant, un sondage organisé par l’agence de mariage Tokihana révèle que 30 % des participants trouvent cela inacceptable.

Cela conduit à une situation où « les mariés peuvent refuser » ces billets.

La question s’est tellement enflée que l’émission de télévision « Bon ! Matin » du 3 octobre, diffusée sur Asahi, a abordé le sujet suivant : « Etant donné que Eiichi Shibusawa est associé à l’infidélité, les anciens billets représentant Yukichi Fukuzawa [un intellectuel de l’ère Meiji] devraient être favorisés comme cadeaux de mariage. » Susumu Kojima, le maire de Fukaya, ville natale de l’industriel située au nord de Tokyo, s’est senti obligé d’intervenir : « La vie de M. Shibusawa ne se résume pas seulement à ses relations avec les femmes. Il a accompli toutes sortes de choses. »

Sur le site spécialisé dans les questions juridiques, Bengo4.com, l’avocat Ryuji Nishiguchi explique que « donner un cadeau de mariage est considéré comme un contrat de donation (article 549 du code civil). Du fait de la nature contractuelle, les mariés peuvent le refuser ». Bien que l’avocat trouve déplorable que l’image du billet puisse créer une tension entre les mariés et leurs invités, il envisage d’offrir un billet de 10 000 yens à l’effigie de Yukichi Fukuzawa lors du prochain mariage auquel il participera.

L’hebdomadaire Josei Jishin souligne que les billets avec l’image de Yukichi Fukuzawa seront bientôt hors circulation et qu’il est impossible de les sélectionner aux distributeurs automatiques. Il conclut en disant : « Au lieu de succomber à un formalisme obscur, il est préférable de se concentrer sur le don fait en toute sincérité et dans un esprit de célébration. »

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