Il est impossible de ne pas remarquer Daniela Cavallo, la responsable syndicale de l’usine historique de Volkswagen, grâce à sa passion pour les talons hauts. Ses préférences stylistiques s’inspirent davantage de ses origines italiennes – ses parents ont émigré de la Calabre dans les années 1960 – que de la ville de Wolfsburg, où se situe l’usine. En dépit des challenges de travailler dans une entreprise dominée par les hommes, Cavallo a réussi à conserver son identité italienne tout le long du chemin.
En 2022, elle est devenue la première femme à diriger le Betriebsrat, l’organe de représentation des travailleurs le plus influent du pays, reflétant ainsi son ascension au sein de l’entreprise. Cependant, lors d’une conférence de presse en septembre, elle a échangé ses talons habituels contre des baskets blanches, se rapprochant du style du PDG du groupe, Oliver Blume, qui est également devenu son principal opposant.
Pour la première fois en 87 ans, la direction envisage de fermer une ou plusieurs de ses usines en Allemagne, rompant un accord de protection de l’emploi qui est en place depuis trois décennies. Pour Cavallo, cette mesure constitue une rupture d’un « tabou » et une transgression des « principes fondamentaux » de Volkswagen. Elle a d’ailleurs promis une « résistance farouche » à cette décision.
Daniela Cavallo est reconnue pour sa combativité par tous les observateurs. Juste quelques mois après sa nomination en tant que négociatrice principale, elle a réussi à démettre de ses fonctions le précédent PDG, Herbert Diess. Diess, un dirigeant brusque plus préoccupé par son apparence sur les médias sociaux que par sa réputation au sein de l’entreprise, a régulièrement opposé le Betriebsrat. Mme Cavallo a réussi à convaincre le conseil de surveillance, y compris la famille Porsche-Piëch qui détiennent la moitié des actions avec droit de vote chez VW, de terminer son contrat.
Dans une interview avec le Monde, Cavallo a loué l’arrivée du nouveau chef de groupe, M. Blume, admiré pour son approche « plus collective ». « Pour moi, le leadership signifie définir des objectifs clairs et les partager de manière collective à tous les paliers de l’entreprise », a-t-elle déclaré. Contrairement à son prédécesseur venant de BMW, le nouveau dirigeant était pleinement conscient des traditions et pratiques en cours à Wolfsburg, où aucune décision n’est prise sans l’approbation du Betriebsrat.
L’article est toujours en cours, et 56.23% du contenu reste à lire, réservé uniquement pour les abonnés.
Ce type de mesure serait-il envisageable en France ?