Timidement, Marion Brusseaux se présente devant l’auditoire rassemblé sur la terrasse du Fouquet’s, un établissement luxueux des Champs-Elysées. À l’âge de 22 ans, elle porte l’uniforme strict typique de son groupe d’étudiants : une jupe droite, une cravate, une veste avec écusson. En cette belle après-midi de juin, sa cérémonie de remise de diplômes pour sa formation en conciergerie d’hôtel est célébrée. Cette formation unique est offerte dans une école hôtelière de Toulouse, en collaboration avec Les Clefs d’or, l’Union internationale des concierges d’hôtels.
Durant une année, les étudiants, qui ont généralement déjà un BTS ou une licence, apprennent les rudiments de leur future profession : réaliser et anticiper les besoins d’une clientèle fortunée et exigeante, habituée à être servi. Ils apprennent à réserver des services de limousine, des transferts en hélicoptère, à trouver un dentiste en pleine nuit, à recommander des expositions, à réserver un restaurant entier.
Marion Brusseaux a également appris la discipline corporelle et le savoir-être associés à son poste : chignon, posture droite, gestes précis et discrets. Son accent du Sud, qu’elle s’efforce de masquer, n’est pas le plus apprécié dans les hôtels de luxe parisiens. « Quand je travaille, je fais attention à cela », révèle cette Toulousaine, fille d’un cuisinier et d’une auxiliaire de vie.
D’après les informations reçues des diplômés récents, ceux qui réussissent une formation spécialisée n’ont pas de difficulté à trouver un emploi, et leurs salaires de départ sont généralement autour de 2 000 euros nets, ce qui est supérieur à ce qu’un réceptionniste gagne normalement. Le rôle du concierge est crucial pour les hôtels pour s’assurer que les clients reviennent, grâce à leur efficacité polyvalente qui fonctionne jour et nuit. Un grand hôtel pourrait avoir jusqu’à dix concierges, comme au George-V à Paris, où ils sont seizième. Quant à Marion Brusseaux, tête de sa promotion, elle vient de décrocher un contrat à durée indéterminée au Park Hyatt Vendôme, qui facture en moyenne 1 500 euros par nuit pour une chambre. Dans cinq ans, elle pourrait devenir membre des Clefs d’Or.
Cette organisation internationale obscure et peu connue, créée à Paris en 1929, réunit près de 3 000 concierges travaillant dans les hôtels de luxe. En France, près de 400 individus peuvent se vanter de porter, sur leur veste, le symbole doré de cette association prestigieuse. Cependant, l’entrée n’est pas ouverte à tous : une certaine expérience, plusieurs parrainages et un examen écrit et oral sont nécessaires. Les critères d’évaluation comprennent la connaissance des monuments de Paris, la distinction entre sac Birkin et sac Kelly, et les plats servis au restaurant étoilé La Tour d’argent.
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