Une grève illimitée a été lancée par le syndicat FO, dès le lundi 30 septembre, soutenue par une vaste majorité des travailleurs de Interforum, la branche de distribution et de diffusion de Editis, qui est le deuxième éditeur français. Ce dernier a été acquise il y a à peine un an par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. À partir de lundi matin, les derniers livres de Michel Bussi, Les Assassins de l’aube, et de Riad Sattouf, Moi, Fadi, le frère volé, sont demeurés dans l’entrepôt de stockage de Tigery.
Michel Bussi, dont le précédent livre, Mon cœur a déménagé, s’était vendu à plus de 80 000 exemplaires, et Riad Sattouf, dont la dernière BD avait été imprimée à 360 000 exemplaires, sont des auteurs majeurs. C’est donc une situation problématique car, en cette période de rentrée littéraire, l’acheminement de ces best-sellers et leur distribution dans les librairies sont bloqués. De plus, près d’un million de livres de tous genres, qui devaient être publiés la semaine du 7 octobre, n’ont pas été distribués pour le moment. Isabelle Menil, représentante syndicale FO d’Interforum, mentionne que la direction n’a pas donné suite à leurs inquiétudes concernant la détérioration des conditions de travail et le manque de reconnaissance du travail accompli par les travailleurs de Interforum.
Mme Menil exige une amélioration de la situation financière, d’autant plus que Interforum est profitable. Elle se joint à la CGT pour dénoncer l’implication nulle et apparente manque de communication avec le président d’Editis, Denis Olivennes, et la directrice du groupe, Catherine Lucet. À leur sujet, elle qualifie leurs approches de franches et directes, faisant référence à deux huissiers déployés un lundi matin pour vérifier l’arrêt du chargement des camions.
Elle accuse la direction d’embaucher des travailleurs intérimaires, une démarche illégale, alors qu’ils étaient déjà en préavis de grève le vendredi 27 septembre. D’un autre côté, la direction de la communication d’Editis insiste que l’embauche des intérimaires était prévue avant et coïncide avec une augmentation d’activité en octobre. Les dirigeants de la maison d’édition affirment également que le dialogue n’est pas interrompu et qu’une réunion devrait se tenir avec les représentants FO dans la journée du lundi.
En décembre 2023, une première agitation sociale a abouti à une manifestation majeure devant le siège social, une occurrence extrêmement rare dans le monde discret de l’édition, elle avait déjà opposé les employés d’Interforum à la direction d’Editis sur des questions de salaire.
Ce type de mesure serait-il envisageable en France ?
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