La pression concurrentielle des fabricants chinois, désireux de vendre à moindre coût leurs surplus sur les marchés internationaux, ne porte pas seulement atteinte à l’Europe. Elle impacte aussi fortement les grandes entreprises sud-coréennes (connues sous le nom de chaebols), à tel point que certaines sont contraintes de se délester de pôles d’activités devenant déficitaires. Le 10 septembre, Samsung SDI a fait une déclaration, révélant qu’ils cédaient leur production de films polarisants à la firme chinoise Wuxi Hengxin Optoelectronic Materials pour un montant de 1 121 milliards de wons (soit 755 millions d’euros).
Selon une analyse réalisée par la Chambre de commerce et d’industrie coréenne (KCCI) au mois d’août, cet échange confirme les conclusions de leur enquête. Celle-ci révèle que 37,6% des exportateurs et 24,7% des importateurs sont affectés par les exportations chinoises à bas coût. Au total, 42,1% des répondants expriment leur inquiétude vis-à-vis de cette guerre des prix.
Aucun secteur exportateur n’est épargné. Cependant, le domaine des batteries est le plus durement touché : 61,5% des acteurs, incluant Hanwha Solutions et LG Display, jugent que leurs résultats sont minés par la surproduction de batteries en Chine. Cette surproduction, deux fois plus grande que la propre consommation chinoise, fait pression sur les tarifs internationaux. Submergé, Posco Future M s’est résigné, en août, à vendre ses parts dans P & O Chemical, une entreprise produisant des éléments pour batteries rechargeables, à la société chinoise OCI.
« Stratégie commerciale ».
L’industrie textile, la cosmétique et la sidérurgie traversent également une période difficile. Par contre, le secteur automobile, la médecine de précision ainsi que la pharmacie montrent toujours une résilience. C’est également le cas pour les semi-conducteurs, qui sont un produit emblématique du Pays du Matin Calme et représentent 21% des exportations. On s’attend à ce qu’ils boostent les ventes à l’étranger des chaebols d’un taux de 9%, atteignant un niveau record de plus de 700 milliards de dollars (environ 630 milliards d’euros) en 2024.
Cependant, la KCCI prévoit que le danger persistera, et pourrait même s’intensifier. Le Bureau national des statistiques de Chine indique que le ralentissement économique sur le marché intérieur risque d’augmenter encore les stocks de produits finis des entreprises chinoises, qui continueront alors à les vendre à bas prix sur les marchés internationaux. Le prix moyen des exportations chinoises a diminué de 10,2% entre janvier 2023 et avril 2024, d’après l’Association coréenne du commerce international. En revanche, celui des exportations sud-coréennes n’a baissé que de 0,1%.
L’étude de la KCCI souligne également le catch-up rapide des industriels chinois en matière d’innovation. Seules 26,2% des entreprises sud-coréennes interrogées pensent avoir conservé un avantage technologique et qualitatif sur leurs rivaux chinois au cours des cinq dernières années ; 73,3% d’entre elles pensent que ces concurrents les surpasseront dans les cinq prochaines années.
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