Le destin d’EDF est susceptible d’être rapidement un sujet de débat pour le nouveau gouvernement, compte tenu des enjeux budgétaires et environnementaux. Agnès Pannier-Runacher a repris son poste à l’Hôtel de Roquelaure lundi 23 septembre. Après avoir passé sept mois en tant que ministre déléguée à l’agriculture, elle est de nouveau ministre de l’énergie, supervisant également la transition écologique, le climat et la prévention des risques. Son retour a ravivé la controverse autour de la proposition du gouvernement d’une « taxe EDF », comme certains l’ont surnommée. C’est un étrange cadeau laissé par Bruno Le Maire, juste avant de quitter le ministère de l’économie et des finances, et que Mme Pannier-Runacher a critiqué avant même de reprendre son rôle énergétique.
Le 9 septembre, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, M. Le Maire a suggéré une nouvelle taxe sur la capacité de production électrique. D’après les estimations de Bercy, l’État pourrait récupérer près de 3 milliards d’euros grâce à cette taxe sur la rente inframarginale de la production d’électricité (CRIM). Cette somme est bien supérieure à une contribution précédente, qui était liée aux niveaux de prix sur le marché de gros et qui avait rapporté environ 400 millions d’euros en 2022 et 300 millions en 2023.
La proposition actuelle impliquerait de taxer les installations les plus puissantes du pays, celles de plus de 260 mégawatts, indépendamment des prix du marché. Cela permettrait de cibler principalement le groupe public, bien devant Engie ou TotalEnergies.
« C’est totalement absurde ».
Le seul opérateur du secteur nucléaire, également le principal acteur de l’énergie hydraulique, détient plus de la moitié de la capacité électrique de la France, y compris la majorité des grandes installations. Il n’est donc pas surprenant que ce plan, mis en place depuis le printemps, provoque chez lui une grande irritation. « Il est compliqué de penser qu’une taxe sur la production d’électricité pourrait avoir un impact positif sur la décarbonisation (…) ou sur les prix de l’électricité et les investissements », a prévenu le PDG, Luc Rémont, le 26 juillet. En effet, l’électricité produite par EDF est déjà largement à faible émission de carbone, ce qui est en ligne avec l’effort de lutte contre le changement climatique. Mme Pannier-Runacher a même qualifié ce projet de loi de « complètement absurde », le 13 septembre, sur TF1.
Alors que le gouvernement cherche toujours à réduire ses dépenses, il reste à voir quelle sera la position de Antoine Armand, successeur de M. Le Maire, expert des questions énergétiques, sur cette possible source de revenus. Si ce plan est confirmé, « ce serait une autre façon sournoise de dépouiller EDF », s’indigne Amélie Henri, déléguée syndicale centrale de la CFE-CGC. Pour Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la fédération Mines-énergie CGT, cela serait vu comme une « punition » de l’État actionnaire, « avec un impact significatif sur les projets, les investissements, l’emploi et les secteurs d’activité ».
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