Constructeur de poids lourds réputé, Renault Trucks est capable d’assembler un mastodonte de 44 tonnes en uniquement quatre heures et demie, avec comme point de départ deux longerons d’acier. Le processus est réalisé dans les halls de l’usine Renault Trucks de Bourg-en-Bresse, une établissement célèbrant ses 60 ans d’existence cette année. L’usine voit chaque jour défiler 115 véhicules en cours de construction, sous les yeux experts de 2000 travailleurs dont 400 femmes, de 7h du matin à 15h37.
En septembre, deux des véhicules quittant l’usine n’étaient pas finis. Le coeur de ces camions – moteur, boîte de vitesses et bras de transmission – sera ajouté à la fin du processus par la ligne de finition additionnelle.
Ces colosses ne sont pas simplement ordinaires. Ils sont les E-Tech, des véhicules électriques que Renault Trucks a commencé à produire en série dès novembre 2023. Selon Jean-François Risselin, directeur de communication du site, ces véhicules représentent le tournant actuel des usines, où le traditionnel véhicule à combustion côtoie de plus en plus le véhicule à batteries. Cela induit des changements conséquents en terme de gestion d’espace et l’augmentation des compétences requises par le personnel.
La vision de l’avenir de l’industrie est claire aux yeux de Régis Pierrelle, le directeur des opérations électromobilité de Renault Trucks. Il déclare, « la batterie a désormais l’avantage dans la course à la décarbonisation ». La semaine dernière encore, l’Union européenne révisait ses objectifs à la hausse, visant une réduction de 15% des émissions de gaz à effet de serre des camions d’ici 2025 pour tous les nouveaux véhicules vendus, comparé à 2019. Puis, de 45% en 2030, et finalement de 90% en 2040.
Dans les ateliers de la succursale bressane de Volvo, une entreprise suédoise, la flexibilité est primordiale. Les camions électriques sur la ligne de finition dédiée doivent respecter un délai de quatre heures et demie pour éviter tout retard dans la production de véhicules classiques. Ceci représente une véritable course contre la montre. « L’objectif principal est de faire en sorte que nos E-Tech respectent le temps de passage habituel », précise M. Risselin. À la place des réservoirs de carburant traditionnels, ces camions électriques sont équipés de quatre à six packs de batteries, chacun contenant 3 600 cellules Samsung et offrant une autonomie de 300 kilomètres. Le moteur s’insère entre ces packs de batteries, et là où se situe normalement le moteur diesel sous la cabine, se trouve désormais le ‘cerveau’ du camion : une armoire électrique très sophistiquée, selon M. Pierrelle.
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