Boeing, le fabricant d’avions américain, affecté par une grève depuis le 13 septembre paralysant la fabrication du 737 MAX et du 777, a déclaré lundi 16 septembre qu’il réduirait ses dépenses. Le directeur financier, Brian West, a annoncé que l’entreprise a choisi de suspendre tous les recrutements et se prépare à diminuer considérablement les dépenses d’approvisionnement. De plus, des mesures temporaires de chômage technique pourraient être mises en œuvre dans les semaines à venir.
M. West a assuré aux employés que des efforts sincères sont en cours pour établir un nouvel accord de convention collective. Cependant, il a reconnu que l’entreprise traversait une période compliquée, aggravée par la grève qui met en danger la reprise. Les mesures prises visent à préserver les fonds disponibles et protéger leur futur partagé, notamment le financement de la sécurité, de la qualité et de l’assistance aux clients.
Boeing a mis un frein à tous les recrutements et les augmentations de salaire liées aux promotions, suspendu tous les déplacements « non essentiels », éliminé les voyages en première et en classe affaires, y compris pour les cadres dirigeants. Toutes les dépenses liées au consulting, à la charité, à la publicité et au marketing ont aussi été suspendues, parmi de nombreuses autres actions déjà en place. De plus, il semble que l’entreprise ne passera plus de commandes pour les programmes du 737, du 777 et du 767, produits dans les usines de Renton et d’Everett, près de Seattle (Washington), où la production a été interrompue depuis vendredi dernier.
M. West a indiqué que le groupe était confronté à un « obstacle » : l’instauration « dans les semaines à venir » de politiques temporaires de chômage technique pour de nombreux employés, cadres et dirigeants. Les pourparlers entre Boeing et la branche locale du Syndicat International des Machinistes et Travailleurs de l’Aérospatiale (IAM) doivent reprendre demain, sous la surveillance d’un médiateur fédéral.
Divers problèmes de qualité
Sur les 170 000 employés du groupe, plus de 33 000 représentés par l’IAM-District 751 ont refusé la proposition de contrat collectif annoncé le 8 septembre à 94,6 % et ont donné leur accord à une grève à 96 %.
Leur action de grève a conduit à l’arrêt de deux grandes fabriques dans la zone de Puget Sound, immobilisant les productions du 737, du 777 et du 767 cargo, dont les livraisons accumulaient déjà des retards. Une situation d’autant plus préoccupante pour le constructeur aéronautique puisqu’il reçoit la majeure partie du paiement (environ 60 %) à la livraison des avions.
Boeing traverse une période financière instable suite à l’accident de deux 737 MAX 8 en 2018 et 2019, entraînant la mort de 346 personnes, et une multitude de problèmes de qualité de fabrication. Toutefois, les mécontents estiment que l’augmentation salariale est trop distante des exigences du syndicat (+ 40 % initialement) et que la part sur les pensions est insuffisante.
Boeing est sous une surveillance renforcée depuis un incident en vol au début de janvier sur un 737 MAX 9 d’Alaska Airlines. Survenu à la suite d’une série de problèmes de conformité et de contrôle qualité, il a fait ressurgir les interrogations sur ces mêmes défauts après les deux accidents.
La précédente cessation de travail chez le constructeur aéronautique américain remonte à 2008, et avait perduré pendant cinquante-sept jours. D’après l’entité d’étude financière TD Cowen, une grève de cinquante jours, pourrait dépouiller Boeing de 3 à 3,5 milliards de dollars de flux monétaires, avec un effet de 5,5 milliards de dollars sur les ventes totales.
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