Oleksandra Dzhevegeska, une Ukrainienne de 50 ans, fait partie des badanti, ces professionnels du soin aux personnes âgées en Italie, un pays qui vieillit rapidement. Arrivée au pays en 2010, elle représente l’un des 1,07 million de ces travailleurs estimés en 2022, dont une grande majorité est des femmes. Ces femmes, essentielles à la société italienne, sont pour la plupart immigrées, notamment d’Europe de l’Est, d’Amérique latine et des Philippines.
« La demande pour les badanti est constante », déclare Mme Dzhevegeska qui travaille 24 heures sur 24 pour une dame de 91 ans à Rome. « On me demande souvent de recommander des candidats pour d’autres membres de la famille ou connaissances ». Elle envoie principalement ces demandes à ses contacts dans la communauté ukrainienne qui a connu une récente vague de femmes à la recherche d’emploi suite à l’agression russe en février 2022.
L’Italie, pays le plus âgé d’Europe avec une moyenne de 48 ans selon Eurostat, l’agence statistique de l’UE, abrite 24,1% de seniors de plus de 65 ans et ils représentent 37,4% de la main-d’œuvre potentiel, un autre record européen. Le nombre de naissances en 2023 était le plus bas depuis l’unification du pays en 1861, avec seulement 379 000 nouveaux nés, soit une baisse de 3,6% par rapport à l’année précédente et la quinzième baisse depuis 2008.
« Manque d’incitations fiscales suffisantes », conclut le texte.
La Péninsule italienne fait face à une crise démographique avec une augmentation significative du nombre de personnes âgées qui nécessitent des soins et une diminution de la population jeune. Elisabetta Notarnicola, experte en politiques sociales et professeur à l’Université Bocconi de Milan, souligne l’importance cruciale des « badanti », des travailleurs de soins à domicile, dans ce contexte. En raison du manque d’investissement public, la dépendance à ces travailleurs est susceptible de s’accroître.
L’offre nécessaire pour répondre à cette demande croissante se trouve principalement à l’étranger. Selon un rapport de 2024 publié par l’association Assindatcolf, qui défend les intérêts des employeurs du secteur, en collaboration avec le centre de recherche IDOS spécialisé dans les questions migratoires, l’Italie aura besoin d’environ 2,3 millions de travailleurs à domicile en 2025, dont plus de 1,5 million seront des travailleurs étrangers. Ces données tiennent compte de la part non déclarée du marché, estimée à 53,5% en 2021.
Le président d’Assindatcolf, Andrea Zini, estime que le travail non déclaré est souvent la seule option pour de nombreuses familles en l’absence d’incitations fiscales adéquates. Cet article n’est pas entièrement disponible, la suite est réservée aux abonnés.