Les récits de sentiments, agrémentés de passages érotiques, qui mettent en scène une ingénue subjuguée par un homme souvent extravaguant et parfois violent, mais qui se terminent sur une note positive, ont le mérite de stimuler l’industrie de l’édition française. Selon la plus récente enquête de GFK NielsenIQ, ce genre littéraire, connu sous l’appellation de « nouvelle romance », a compté pour 1,8 % des livres vendus en 2023, soit environ 6 millions d’exemplaires, générant un chiffre d’affaires de 75 millions d’euros.
Après une chute observée entre 2015 et 2020, ce secteur rebondit remarquablement, doublant presque depuis 2022. L’offre se diversifie et trouve son lectorat, tant chez les adultes que chez les adolescentes. Une autre particularité a été soulignée dans cette étude : cette spécialité se concentre principalement sur une centaine de titres les plus prisés.
Au point que cinq autrices, à savoir les françaises C.S. Quill, Emma Green (pseudonyme d’un duo d’écrivaines) et Morgane Moncomble, l’algérienne Sarah Rivens et l’américaine Colleen Hoover – qui jouissent toutes d’un suivi assidu sur les réseaux sociaux – peuvent se vanter de vendre entre 200 000 et plus de 1 million d’exemplaires de leurs livres respectifs. En outre, l’adaptation cinématographique du roman éponyme de Colleen Hoover, « Jamais plus », sortie le 14 août au cinéma, devrait stimuler davantage les ventes de ce best-seller.
Arthur de Saint-Vincent, directeur général délégué de Hugo Publishing, principale entité du marché et filiale très lucrative du groupe Glénat (rapportant un bénéfice net de 10 millions d’euros en 2023 pour un chiffre d’affaires de 42 millions, selon les documents déposés au tribunal de commerce de Paris), partage sa conviction que la croissance du secteur sera soutenue. Il soutient que si l’industrie de l’édition ne sert que les catégories socioprofessionnelles les plus élevées et se concentre uniquement sur un microcosme, elle pourrait disparaître dans un laps de temps relativement court. Pour lui, Hugo Publishing s’adresse principalement à une audience féminine, qui a commencé à s’intéresser aux produits dès l’âge de 15 ans, et non plus 18 ans, à cause de l’intérêt croissant pour les romans d’amour sur TikTok et l’utilisation du Pass culture, un montant de 300 euros offert aux jeunes dès la 6e année pour acquérir des biens culturels.
À travers des initiatives comme le Festival New Romance, un événement annuel qui rassemble les meilleures écrivaines du monde et leurs lectrices les plus passionnées, ainsi que la plate-forme d’écriture Fyctia, qui compte 200 000 membres, Hugo Publishing a réussi à mettre en place une puissante machine de marketing. C’est sur cette plate-forme que la société repère ses jeunes auteures, qui continuent d’écrire leur histoire tant qu’elles obtiennent suffisamment de « likes » à la fin de chaque chapitre. Ceci offre une manière efficace d’évaluer le public avant de publier un nouveau livre.
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