Mathieu Roux programme chaque saison estivale des excursions en canoë le long des gorges de l’Allier, une immersion en pleine nature au bas des falaises de Malmouche, dans le Puy-de-Dôme. Les rameurs ont l’occasion d’admirer un oppidum de l’ère gallo-romaine ou un ancien village médiéval, compté parmi les plus pittoresques de France. Cependant, cette année, moins de clients ont opté pour l’équipement de protection sur les rives. Le responsable d’Auvergne Loisirs, qui rémunère une quinzaine d’individus pendant la saison, déplore une diminution de 25% de son chiffre d’affaires comparé aux années précédentes.
De nombreux acteurs du secteur touristique partagent son sentiment de déception quant à l’été 2024, probablement parce qu’ils avaient des attentes élevées, surtout après deux saisons florissantes. Le mois de juillet s’est avéré exceptionnellement dur. En Bretagne, seulement 38 % des 1 000 professionnels du tourisme interrogés ont déclaré être satisfaits de leurs résultats de juillet, comparé à plus de 80% entre 2019 et 2022, selon une étude réalisée par la région. Plus de 70 % des participants ont rapporté une baisse de leurs revenus. Des résultats similaires ont été notés dans les enquêtes conduites en Occitanie ou en Nouvelle-Aquitaine.
Est-ce qu’il y a eu une réduction réelle du nombre de visiteurs ? Bien que la proportion de Français qui sont partis en weekend ou en vacances pendant l’été est quasiment restée la même (65%, avec une baisse de 2 points selon les données de ADN Tourisme), les séjours ont été plus brefs et les dépenses plus limitées. Jusqu’à mi-août, la fréquentation des lieux d’hébergement touristiques a chuté de 6% par rapport à 2023, d’après les statistiques fournies par le ministère en charge du tourisme, le mardi 3 septembre. Cependant, elle a repris par la suite, atteignant vers la fin de l’été, les mêmes niveaux que l’année précédente.
Des facteurs divers contribuent à cette situation : des conditions météorologiques défavorables pendant tout le printemps et jusqu’à fin juillet qui n’ont pas encouragé les Français à planifier des vacances ; des incertitudes politiques liées aux élections, entraînant une certaine réserve ; les Jeux olympiques, qui ont conduit de nombreux Français à reporter ou annuler leurs vacances ; un début tardif des vacances scolaires ; l’absence de jour férié autour du 14 juillet… Surtout, l’augmentation des prix dans tous les secteurs du tourisme et des loisirs depuis deux ans a conduit à des décisions d’arbitrage. Selon la dernière étude de Nouvelle-Aquitaine, trois quarts des 1 200 professionnels du tourisme interrogés pensent que les dépenses des touristes ont diminué cette année.
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Ce type de mesure serait-il envisageable en France ?