Dans l’année 1849, un immigré polonais nommé Louis Cowen débarque à New York pour ensuite se déplacer vers la Californie lors de la fièvre de l’or. Afin d’éviter les Indiens, il choisit la route du Sud. Cependant, ce descendant de rabbin est dépossédé lors de son voyage et se trouve contraint de faire une halte à Brownsville, une forteresse militaire nouvellement établie pour endiguer les Mexicains, se trouvant à l’embouchure du Rio Grande. Étonnamment, en 2023, soit cent soixante-quatorze ans plus tard, son descendant direct, John Cowen, devient le maire de cette ville, devenant l’Eldorado rêvé de son ancêtre.
Malgré une stagnation sur plusieurs décennies, Brownsville est devenue un petit carrefour mondial : La politique de Joe Biden en matière de gestion des demandeurs d’asile ayant franchi le Rio Grande y est vantée. De plus, Elon Musk y a érigé sa base SpaceX à Boca Chica, générant au moins 2100 emplois. C’est ici qu’il procède à ses lancements majestueux destinés à atteindre la Lune, et peut-être Mars, devant une audience mondiale. À l’entrée du site de lancement, on peut lire « Gateway to Mars ».
En outre, la compagnie pétrolière NextDecade, dont l’un des principaux associés est le français TotalEnergies, envisage d’investir 18,4 milliards de dollars (soit 16,8 milliards d’euros) dans un terminal de méthane alimenté par un pipeline provenant de gisements plus au nord du Texas. Après les ports massifs de Houston, Port Arthur et Corpus Christi, Brownsville bénéficie désormais de l’abondance des hydrocarbures grâce à la guerre en Ukraine, qui contraint les Européens à se ravitailler en gaz américain.
« Nous étions autrefois le groupe le plus démunis en Amérique, mais nous ne faisons plus partie des dix communautés les plus pauvres », partage le maire John Cowen, dans un café populaire qui fait également office de boutique de vélos. Il est vrai qu’il y a eu de l’opposition, des objections concernant l’environnement, et une contestation contre le bouleversement socio-culturel dans cette ville de 200 000 résidents, majoritairement hispaniques à plus de 90%, mais le maire est déterminé à progresser. « Il y a des gens qui s’opposent à tout changement. Cependant, je refuse de maintenir le statu quo et d’accepter l’idée que nous sommes une ville pauvre. »
L’avenir de la ville de Brownsville contredit le discours dominant sur les Etats-Unis suite à la crise financière majeure de 2008 et avant l’accession au pouvoir de Donald Trump en 2016. La vision était celle d’un pays en voie de paupérisation et de désindustrialisation. Cependant, au cours de la dernière décennie, les Etats-Unis ont évolué, avec l’apparition de nombreuses nouvelles usines et une abondance d’énergie – le gaz et les énergies renouvelables. Par conséquent, les salaires les plus bas commencent à augmenter. Doucement, l’esprit pionnier des Américains refait surface.
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Ce type de mesure serait-il envisageable en France ?