C’était le point culminant que les techniciens et les ingénieurs d’EDF attendaient patiemment depuis longtemps : la « divergence » de l’EPR de Flamanville (Manche) a commencé. En termes simples, c’est l’initiation de la séquence qui mène à la réaction nucléaire en chaîne dans le réacteur, marquant ainsi le début de son exploitation. Cette étape a été lancée le lundi 2 septembre, seulement quelques heures après la dernière approbation de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Selon une déclaration de la compagnie, « Après avoir réussi à charger le réacteur en mai, les équipes ont effectué de nombreux tests techniques et mis l’installation dans les conditions requises pour initier la fission nucléaire. » Il semble peu probable que les derniers efforts des ONG antinucléaires, déposés en juillet, parviennent à arrêter le processus.
« Avec la divergence, c’est-à-dire la mise en marche du réacteur, nous avons franchi la phase la plus cruciale pour la mise en service de Flamanville 3 », a déclaré le PDG d’EDF, Luc Rémont. « Toutes nos équipes sont concentrées pour mener à bien cette opération en toute sécurité, en collaboration étroite avec l’ASN. » Une fois qu’une réaction nucléaire stable à très faible puissance est mise en place, le réacteur fonctionnera à seulement 0,2% de sa capacité nominale de 1 600 mégawatts (MW).
Des tests sont prévus pour atteindre 25% de capacité, à quel point l’EPR sera relié au réseau de transport d’électricité pour produire de l’électricité commerciale. Cette connexion est attendue « d’ici la fin de l’automne 2024 », une progression un peu en retard par rapport au calendrier initial de l’année, avec une extension de trois mois. « Il y a encore beaucoup de tests à faire et nous n’avons pas encore défini de date pour atteindre la pleine capacité », déclare Régis Clément, directeur adjoint de la division de production nucléaire. De plus, après 18 mois d’exploitation, EDF prévoit de remplacer de manière préventive le couvercle du réacteur. En 2015, des tests avaient révélé certaines faiblesses (taux de carbone excessif) dans l’acier, et l’opérateur avait promis de changer cette pièce clé.
alimentant trois millions de maisons
EDF n’a pas mis en service de nouveaux réacteurs en France depuis celui de Civaux 2 (Vienne) en 1999, la dernière partie du plan Messmer lancé en 1974. Après ceux de Taishan (Chine) et Olkiluoto (Finlande), l’EPR de Flamanville sera le quatrième réacteur dit « de troisième génération », en raison de sa sécurité renforcée (double enceinte en béton, récupérateur de corium en cas de fusion de la cuve…). Il est prévu pour alimenter trois millions de ménages.
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Ce type de mesure serait-il envisageable en France ?