La Compagnie nationale du Rhône (CNR) a annoncé l’abandon du projet « Rhônergia », un nouveau barrage prévu sur le Rhône, selon un communiqué publié le 30 août. Il était prévu de le bâtir entre l’Ain et l’Isère, à une distance de 40 kilomètres en amont de Lyon. Le plan consistait à créer d’ici 2033, un réservoir de 22 kilomètres de long entre Loyettes (Ain) et Saint-Romain-de-Jalionas (Isère). Il aurait généré une cascade de 6,8 mètres de hauteur pour produire une énergie de 140 gigawattheures (GWh) par an, ce qui équivaut à la consommation électrique annuelle de 60 000 personnes.
C’est l’Etat qui a pris la décision d’abandonner le projet. D’après la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), le barrage aurait causé un conflit incompatible avec le fonctionnement des nouveaux réacteurs prévus à la centrale nucléaire de Bugey, dans l’Ain.
La centrale, construite en 1974, se situe quelques kilomètres en amont du projet de barrage et son système de refroidissement dépend du niveau du fleuve. Les études préliminaires ont mis en évidence des « problèmes techniques sur le projet EPR2 de Bugey qui auraient pu entraîner une hausse des coûts et un délai pour ce projet, ainsi que des problèmes potentiels sur la sécurité de l’exploitation de la centrale nucléaire existante », a déclaré la DGEC à l’AFP.
Le projet a rencontré un rejet massif, avec 90% de retours négatifs.
Les services gouvernementaux mettent en lumière l’opposition technique et populaire face au projet « Rhônergia », porté par la CNR à la demande de l’Etat. Ce projet hydroélectrique, d’un coût estimé à 330 millions d’euros, était considéré comme la dernière possibilité de ce type en France, devant être situé dans la dernière zone vierge du Rhône. Toutefois, malgré les arguments de ses promoteurs selon lesquels il pourrait favoriser l’autonomie énergétique du pays grâce à une production sans émission de carbone, l’idée n’a pas rencontré de soutien local. Au contraire, une opposition soutenue a mis en avant un impact environnemental qui l’emporterait sur les avantages énergétiques potentiels.
Au cours de la consultation préliminaire menée par la Commission nationale du débat public, plus de 90% des 1300 personnes interrogées, y compris les habitants de la région, les responsables politiques et les acteurs économiques impliqués, ont manifesté leur désapprobation. Une initiative citoyenne a recueilli plus de 8500 signatures pour une pétition contre le projet, signalant les effets défavorables sur la biodiversité dans un écosystème abritant des centaines d’espèces protégées. Plusieurs messages anti-projet ont été affichés dans la région, portant la signature des Soulèvements de la Terre, ce qui a alimenté les craintes des autorités d’une contestation croissante. Ainsi, le projet « Rhônergia » est progressivement devenu une question sensible dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, attirant les critiques des défenseurs de l’environnement.
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