Ayant finalement décidé de diminuer son volume horaire à vingt-six heures hebdomadaire, Anne Wendel (pseudonyme employé par la jeune mère de deux enfants de moins de 10 ans) se voit contrainte par les circonstances de sa vie. Originaire d’Allemagne de l’Est, précisément du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale où elle est née en 1985, elle a toujours pris pour acquis la place des femmes sur le marché du travail. Néanmoins, sa relocation dans la région d’Oldenburg, zone rurale et conservatrice de la Basse-Saxe, pour accompagner son époux il y a deux ans, a bouleversé son quotidien. Les horaires de fonctionnement limités des écoles et des garderies (de 8h à 13h, et 15h tout au plus) ont été une surprise pour elle. En dépit de ses qualifications en éducation enfantine, elle était espérée briguer un poste de responsable dans une école maternelle mais a dû y renoncer, puisque seules les candidatures à temps plein étaient acceptées. Cette incompatibilité avec les contraintes scolaires locales s’est révélée impossible à surmonter.
Sur les deux dernières années, elle a dû gérer en plus le problème récurrent de l’absentéisme des enseignants, ce qui l’a définitivement découragée de vouloir augmenter son temps de travail. « La première année, il était fréquent que la garderie m’informe le matin même qu’elle ne pourrait pas s’occuper de mon fils, en raison du manque d’éducateurs. » Et la situation n’est guère plus reluisante à l’école de sa fille. « Chaque jour, elle ne sait pas si son emploi du temps va être respecté, trop d’enseignants sont absents. Les classes sont fusionnées, les enseignants doivent improviser constamment. C’est une source de stress significative pour elle. »
Anne se remémore avec nostalgie son ancienne existence à Dresde, à l’Est du pays, où les garderies s’occupaient de ses enfants de manière fiable jusqu’à 17h ou 18h, offrant une grande flexibilité. « Ça me donnait la possibilité de m’adapter, peu importe mon programme. Ici, dans la région, un grand nombre de femmes choisissent de rester à la maison pendant trois ans. Je me pose souvent la question de comment les mères célibataires gèrent, ou celles dont le travail nécessite une présence en fin d’après-midi. Je me demande si les femmes peuvent réellement concrétiser leurs ambitions de vie. »
Léthargie économique
La situation d’Anne n’est pas un cas isolé en Allemagne. En effet, de nombreuses crèches, maternelles et écoles, qui étaient autrefois seulement ouvertes le matin, ont élargi leurs heures d’ouverture au cours des trente dernières années, permettant à un nombre croissant de femmes de s’intégrer au marché du travail. Le taux d’emploi des femmes âgées de 15 à 64 ans a ainsi considérablement augmenté, passant de 57 % en 1991 à 73,6 % en 2023, un taux élevé sur le plan international. Toutefois, l’envers de la médaille est significatif: 50 % des femmes actives travaillent à temps partiel, comparativement à 13 % des hommes, l’un des plus grands fossés parmi les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques.
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