Il est rare qu’un chef d’entreprise étrangère en Hongrie s’exprime si franchement. C’est ce qu’a fait Hans K. Reisch, le propriétaire et successeur de la division autrichienne de la chaîne de supermarchés SPAR, en Mars. Il a ouvertement critiqué ce qu’il a décrit comme un « harcèlement » de la part des autorités hongroises à l’encontre de sa filiale qui possède plus de 600 magasins dans ce pays d’Europe centrale. Selon une interview accordée au magazine professionnel allemand Lebensmittel Zeitung, Reisch affirme qu’un proche anonyme du Premier ministre Viktor Orban tenterait même de « s’accaparer [sa] firme ».
Dans Die Presse, un quotidien autrichien, il affirme qu’on lui a clairement signalé que si l’Etat possédait une participation dans son entreprise, les virulents obstructions qu’il subit seraient allégées. Reisch a dénoncé une taxe de 4,5% sur le chiffre d’affaires des grandes surfaces, que le gouvernement nationaliste de Orban a augmentée en 2022, prétendument pour combattre les superprofits. Intrigant, cette taxe ne semble s’appliquer qu’aux chaînes de supermarchés non hongroises. Il dénonce également les nombreuses interventions administratives dans la gestion des prix et des stocks, qui ont rendu sa filiale « économiquement insoutenable », ayant déclaré en 2023 une perte supérieure à 46 millions d’euros.
Les critiques du gouvernement hongrois ont été énergiquement ripostées suite à des déclarations. Marton Nagy, le ministre de l’économie hongrois, a reproché à SPAR de disséminer des inexactitudes plutôt que de travailler à rétablir leur compétitivité. Viktor Orban, en plus, a intenté une action en diffamation contre tous les médias hongrois qui ont osé véhiculer les déclarations de M. Reisch. Orban, le chef du gouvernement hongrois, a subi une série de revers dans la plupart des actions en justice qu’il avait lancées.
Humilié, M. Reisch a choisi de rester discret, mais SPAR poursuit sa lutte devant la Commission européenne, appelant à une enquête d’infraction. Un porte-parole s’est confié au Monde, déplorant que l’entreprise « est poussée à plonger dans le rouge » après trois décennies d’investissement dans le pays, malgré le fait qu’elle « n’a aucune intention de quitter » le pays où elle emploie près de 14 000 personnes. Selon SPAR, les autorités ont sévi plus durement encore depuis les déclarations de M. Reisch. Le porte-parole a déclaré que leur entreprise a été une fois de plus victime de contrôles administratifs inopportuns avant Pâques, après avoir déjà dû payer des millions d’euros d’amendes ces dernières années.
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