« Majorque n’est pas à vendre ». C’était le cri de milliers de manifestants à Palma, en Espagne, le 21 juillet. Ils protestaient contre l’impact du tourisme de masse sur le coût de l’habitat et l’accès aux services publics, insistant sur le fait que leur sentiment n’est pas une « tourismophobie », mais une réalité difficile : 1 232 014 résidents pour 18 millions de touristes. Cette manifestation n’était pas unique. De telles protestations ont été vues dans toutes les régions d’Espagne pendant l’été.
Du côté des îles ibériques à Venise, en passant par le Mont Fuji au Japon et l’Himalaya, l’antipathie à l’égard du « surtourisme » est de plus en plus flagrante. C’est un phénomène qui prend de l’ampleur et auquel les communautés locales sont de plus en plus sensibles. Le rebond du tourisme international aux niveaux de 2019 cette année fait que ce problème s’intensifie. Valérie Boned, présidente des Entreprises du voyage, le syndicat des agences de voyages, a remarqué une croissance continue dans le secteur du tourisme. Elle a souligné que le nombre croissant de voyageurs et l’expansion des classes moyennes à travers le monde sont des réalités « irréversibles et exponentielles ».
La démographie mondiale est à la hausse et le secteur du tourisme est en constante démocratisation. Grâce à l’accès à des vols à bas prix et à une grande gamme d’hébergements locatifs, le nombre de touristes est passé de 25 millions en 1950 à une projection de 1,5 milliard en 2024 et à 1,8 milliard en 2030 selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). De plus, les avions devraient transporter un nombre record de 5 milliards de passagers cette année.
C’est l’appel de la proximité qui attire de plus en plus de voyageurs.
D’après le plus récent rapport de l’Organisation des Nations unies sur le tourisme, la Chine a renforcé sa présence parmi les dix destinations touristiques les plus prisées, dans le contexte des économies à revenus élevés intermédiaires. Le rapport souligne également que d’autres pays en développement tels que l’Indonésie, le Brésil et la Turquie se sont joints à la Chine dans le premier quart du classement.
Il est assez compréhensible que les classes moyennes de ces pays s’engagent dans le tourisme, désirant explorer les sites les plus iconiques du monde. Notamment, celles provenant des mégapoles asiatiques tendent à le faire sans l’appréhension habituelle des Européens face à la foule.
En 2023, par exemple, les habitants du sous-continent indien ont boosté l’économie des gondoliers à Venise, comme le fait remarquer le géographe Rémy Knafou. De plus, les Brésiliens ont été les principaux clients du Club Med durant l’hiver dernier.
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