Kyoto est fatiguée de sa popularité. La fameuse ancienne capitale japonaise, connue pour ses joyaux tels que les temples d’or et d’argent et le quartier Gion, bastion des geishas, est débordée par le flot incessant de visiteurs dont les comportements chocs la culture locale. Dès qu’on quitte la gare où les Shinkansen, les trains à grande vitesse, arrivent à un rythme impressionnant même pour un métro japonais aux heures de pointe, on se trouve face à des files d’attente interminables pour prendre les bus qui mènent aux hôtels et sites touristiques. Un vieil homme en uniforme chargé d’aider les nouveaux arrivants conseille: « Prévoyez vingt minutes de file d’attente » pour le bus 59, qui mène au temple d’or. Et le chauffeur, habillé de blanc, coiffé d’une casquette bleue et d’un calme imperturbable, annonce « S’il vous plaît, n’essayez pas d’entrer de force et attendez le prochain bus » avant de fermer les portes de son bus vert déjà rempli à ras bord.
Les transports sont surchargés. Les sites touristiques aussi. C’est le cas du temple Kiyomizu-dera, avec sa pagode écarlate et sa terrasse panoramique offrant une vue incomparable sur la ville. Pour y accéder, il faut se frayer un chemin à travers les foules qui envahissent les ruelles étroites jonchées de boutiques qui y mènent.
Kyoto, qui attire 43 millions de voyageurs chaque année, y compris des visiteurs nationaux, est devenue un véritable symbole de l’excès du tourisme, ou « kanko kogai », un terme japonais signifiant littéralement « pollution touristique ». Malgré cela, le gouvernement voit principalement une occasion économique, avec le premier ministre, Fumio Kishida, exprimant son désir en janvier d’augmenter à 60 millions le nombre de touristes étrangers et de réaliser des revenus touristiques atteignant 15 000 milliards de yens [95 milliards d’euros] en 2030. En 2023, l’archipel a accueilli 25,1 millions de voyageurs, qui ont dépensé 5 300 milliards de yens.
Bien que la croissance rapide du tourisme, soutenue par la faiblesse actuelle de la valeur du yen, est appréciée par les économistes, elle provoque des troubles chez les habitants qui prônent une bonne conduite dans l’espace public. Kyoto est confrontée à des nuisances, telles que l’accumulation de déchets autour des poubelles, qui sont peu nombreuses dans la ville. Kamatama Udon, un résident de Tokio qui utilise un pseudonyme pour gérer un compte sur le réseau X consacré aux excès du tourisme local, exprime son mécontentement en disant que le problème de la pollution est devenu encore plus grave au cours de l’année écoulée, en particulier lors des périodes de floraison des cerisiers et de l’automne.
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