En 2023, l’Oklahoma a gagné en notoriété grâce au film Killers of the Flower Moon, dirigé par Martin Scorsese, où Robert De Niro et Leonardo DiCaprio représentaient des hommes blancs qui se mariaient puis tuaient des femmes amérindiennes (Lily Gladstone) dans le but d’hériter de leurs exploitations pétrolières, une histoire qui date des années 1920. Maintenant, un siècle plus tard, il y a un regain d’intérêt pour cet état du sud des États-Unis, pas pour le pétrole, mais pour les énergies renouvelables.
Lors du forum SelectUSA, qui s’est déroulé à National Harbor, le long du fleuve Potomac, au sud de Washington, fin juin, la société norvégienne NorSun a fièrement annoncé un investissement de 620 millions de dollars (573 millions d’euros) pour produire des cellules photovoltaïques à Tulsa, ce qui devrait créer 320 emplois.
Kevin Stitt, le gouverneur républicain de l’Oklahoma, est ravi d’accueillir cette révolution technologique et de se dégager de l’influence de la Chine. « Nous faisons tout notre possible pour attirer cette nouvelle industrie. Notre réseau électrique est fiable, économique, et 45% de notre électricité est renouvelable, ce qui est très attrayant pour de nombreuses entreprises », déclare-t-il. Contre toute attente, c’est au milieu des États producteurs de pétrole, dans une contrée républicaine, que se développe la révolution énergétique américaine. Le Texas, de son côté, se targuait d’accueillir un investissement de 110 millions de dollars de la part du géant indien de l’acier, JSW, juste avant l’Oklahoma.
L’adage américain qui stipule que l’énergie est une dépense en Europe et une richesse aux Etats-Unis est plus pertinent que jamais. Cette différence est exacerbée par l’Inflation Reduction Act (IRA), une loi massive de subvention pour la transition énergétique adoptée aux US en août 2022. Cela a incité de nombreux Européens à s’implanter outre-Atlantique.
David Weill, PDG de Primequal, un fabricant suisse de seringues, en est un exemple. Il prévoit de déplacer son entreprise aux États-Unis en investissant 30 millions de dollars. Il argue que les coûts de l’électricité ne peuvent pas être deux à six fois plus élevés comme ils le sont en Europe, comme il l’a expliqué au Monde. Il souligne également que les Américains ont récemment étendu les crédits d’impôt au secteur nucléaire, garantissant ainsi un accès continu à une électricité abordable.
Dans cette immense campagne marketing, tous les États usent d’un nouvel argument de vente : un accès à une énergie quasi inépuisable pour attirer les entreprises. Par exemple, Chris Pasterz, directeur du développement économique du comté Navajo en Arizona, promeut des projets solaires et éoliens d’une valeur de 4 milliards de dollars, qui vont progressivement remplacer les centrales à charbon Navajo. Il rassure que ces projets ne se trouvent pas dans les réserves, qui sont régies par le droit tribal, un obstacle majeur pour faire des affaires. Il admet que « faire des affaires dans les réserves indiennes est très risqué ».
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