Malgré l’état robuste de l’emploi salarié en France, le secteur du travail temporaire ne bénéficie pas de cette prospérité. Au cours de l’année dernière, l’économie française a vu naître 78 000 postes supplémentaires, d’après l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Cependant, l’emploi temporaire a connu une baisse continue sur six trimestres consécutifs, perdant approximativement 48 700 emplois (-6.2 %). De plus, par rapport à la période pré-pandémique, il est nettement en dessous avec une perte de 40 000 emplois.
Chaque secteur d’activité a été affecté. Selon les données les plus récentes, de mai 2023 à mai 2024, le travail temporaire a chuté de 7.8 % dans l’industrie, représentant une perte de 21 800 emplois, de 4.2 % dans la construction (soit 6 000 emplois temporaires en moins), et de 2.5 % dans les services (une perte de 9 000 postes), comme l’indique la direction de l’animation et des statistiques du ministère du travail (Dares).
Il y a plusieurs facteurs qui expliquent la baisse continue du recours à l’intérim. Les entreprises n’embauchent plus autant qu’en 2022 et 2023. « Le taux d’emploi diminue, et les obstacles à l’embauche tendent à s’atténuer », note Olivier Garnier, Directeur général des statistiques et des études à la Banque de France, le 9 août, lors de la présentation de l’enquête de conjoncture mensuelle. En juillet 2023, 58 % des dirigeants d’entreprise déclaraient avoir des difficultés à embaucher. Ce chiffre est tombé à 33 % en août de la même année. Les entreprises ont donc moins recours aux agences d’intérim pour renforcer leurs équipes avant d’embaucher un personnel permanent.
La compétition féroce de la Chine dans l’industrie automobile
Ce ralentissement est en partie dû aux défis rencontrés par l’industrie automobile, qui compte parmi ses principaux clients l’intérim : environ 10 % des 400 000 employés du secteur sont des travailleurs intérimaires. Face aux coûts de la transition vers l’électricité, à la baisse des ventes et à la concurrence acharnée de la Chine, les constructeurs ajustent leurs effectifs et ce segment de la main-d’œuvre est le premier à en souffrir.
D’autres grands utilisateurs de l’intérim sont la construction et le bâtiment, secteurs également en crise et ralentissant. Au premier trimestre par exemple, le nombre moyen de travailleurs intérimaires dans le BTP était de 128 468 équivalents temps plein, soit une baisse de 6,9 % par rapport à l’année précédente, selon l’Observatoire des métiers du BTP.
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