Revisitant ses vignes au printemps, Ton Mata, le responsable des vins mousseux Recaredo, observait solemnement les branches mortes. Ce viticulteur de Penedès, en Catalogne (Espagne), notait le nombre de bourgeons qu’ils restent sur chaque plant dans son vignoble situé autour de Sant Sadurni d’Anoia – il variait de quatre à neuf sur chaque douzaine. Certains plants étaient totalement morts. Mata évaluait avec inquiétude l’impact de la sécheresse dans le vignoble situé entre les imposants monts de Montserrat et les champs labourés par des chevaux.
La période d’octobre 2023 à février 2024 a vu une baisse de 80% des précipitations par rapport à une année normale. Heureusement, les pluies de mai et juin ont apporté un soulagement après plus de trois ans de sécheresse continue. Néanmoins, la fin du mois de juillet n’a pas apporté la paix tant souhaitée à ce viticulteur, malgré la réduction du déficit de précipitations à 20%. Malheureusement, certains plants sont déjà morts ou dans un état critique. Le propriétaire du domaine de 54 ans a dû enléver cinq hectares de vignes sur le total de 100 hectares exploité en début d’année. Il prévoit d’en enlever cinq autres en 2025 et encore cinq l’année suivante.
En raison de la sécheresse, la production de raisins destinés à la fabrication de cava, un vin mousseux contrôlé, a baissé de 38 % depuis 2021 dans la région de Penedès, qui compte 22 000 hectares de vignobles. Bien que les ventes de cava aient atteint des niveaux record en 2023, cela a entraîné une forte baisse des réserves, mettant en péril l’approvisionnement futur d’un marché très demandeur. En outre, on a dû recourir massivement à la production de vignerons situés dans une zone d’Extrémadure, qui est épargnée par la sécheresse et autorisée par la dénomination d’origine protégée.
Pere Ferrer, vice-président du groupe Freixenet, le principal producteur de cava, a expliqué que la demande mondiale de cava est croissante, mais nous n’avons pas la capacité de produire suffisamment de bouteilles pour répondre à cette demande à court terme ». Il convient de noter que ce groupe absorbe une grande partie des raisins produits par les coopératives locales. Les excellents résultats pour l’année 2023 de l’entreprise, dont le siège est à Sant Sadurni d’Anoia, ont été présentés début avril.
Quelques jours plus tard, le 22 avril, Freixenet, qui appartient à l’Allemand Henkell depuis 2018, demandait l’instauration d’un plan de suspension temporaire de l’emploi pour force majeure, affectant 615 employés, soit 80 % du personnel du groupe, en raison de la sécheresse. Cependant, cette demande a été refusée par le gouvernement catalan, qui a jugé que la pénurie d’eau ne s’était pas produite de manière soudaine. Le groupe a finalement négocié avec les syndicats un plan de réduction du temps de travail pour des raisons économiques, techniques et organisationnelles, avant de reprendre à temps plein à partir de mi-juin.
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