Depuis le début de sa présidence, Luiz Inacio Lula da Silva, connu sous le nom de « Lula », a continué à se heurter au directeur de la Banque centrale du Brésil (BCB), Roberto Campos Neto. Toutefois, le conflit s’est intensifié ce mardi 30 juillet, gagnant en importance notamment dans la rue. L’appel à manifester lancé par la Centrale unique des travailleurs, l’organe syndical du Parti des travailleurs de Lula, a été suivi par sept autres syndicats. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans la plupart des métropoles brésiliennes, demandant une réduction des taux d’intérêt directeur. Malheureusement, ces taux ont été maintenus à un pourcentage nominal de 10,5%, malgré une série de diminutions graduelles de 0,5% depuis le début de l’année.
Avec ces taux, le Brésil demeure le deuxième pays avec le taux d’intérêt le plus élevé du monde, juste après la Russie. Lula et les leaders syndicaux y voient une Banque Centrale qui favorise les marchés financiers, au détriment de la consommation et de l’emploi, et promeut la rentabilité plutôt que les investissements dans l’économie réelle. Cette situation contribue également à l’augmentation de l’endettement, qui atteint déjà un niveau endémique – 78,8% des ménages sont concernés, d’après une étude de la Confédération nationale du commerce des biens, des services et du tourisme. Même une partie des chefs d’entreprise s’est jointe à la critique, reprochant, entre autres, à la BCB d’accélérer la désindustrialisation du pays.
Lula n’hésite pas à exprimer son dédain pour M. Campos Neto, le désignant comme son adversaire principal depuis le début de son administration en 2023. « À mon sens, [Roberto Campos Neto] fait plus pour handicaper notre pays que pour le soutenir », déclarait le président le 18 juin. Cette posture semble politiquement profitable : selon un sondage publié le 10 juillet, 66% des Brésiliens soutenaient les opinions de Lula.
Contrôle de l’inflation
Le chef de la BCB, avec sa richesse, son appartenance à l’élite et sa formation aux États-Unis, se positionne comme le parfait opposant au président. Campos Neto a été nommé en 2019 par l’ancien président Jair Bolsonaro, dont il ne cachait pas son soutien lors de l’élection présidentielle de 2022.
Campos Neto, cependant, s’abstient de réagir à ces critiques, invoquant son « travail technique » et la neutralité politique de son institution. Son objectif principal demeure de contrôler l’inflation — une mission difficile. Cette année, on prévoit une augmentation des prix de 4,2 %, bien au-delà de l’objectif de 3 % (avec une marge d’erreur de 1,5 point de pourcentage) défini par le conseil monétaire national.
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