On perçoit une colère et une gravité bien palpables. « À mon entrance au trésor public il y a quelques semaines, je suis tombée sur des éléments que j’ignorais, des secrets bien gardés par le parti en place à savoir le Parti conservateur », a fait savoir la nouvelle titulaire du poste de Chancelière de l’Echiquier, Rachel Reeves, lors de la réunion à la Chambre des communes, le lundi 29 juillet.
La membre du parti travailliste fait mention d’un déficit de 22 milliards de livres (équivalent de 26,1 milliards d’euros) dans le budget national, laissé par les tories, au gouvernement depuis 2010. 6,4 milliards de livres de frais, plus que les estimations initiales, ont été engagés uniquement pour l’assistance aux demandeurs d’asile.
La ministre, première femme à tenir cette fonction, a immédiatement exposé les actions « urgentes et nécessaires » qu’elle envisage pour résorber ce déficit, en cherchant à économiser 5,5 milliards de livres en 2024 et plus de 8 milliards en 2025. Elle prévoit de mettre fin à certains projets d’infrastructure, dont un tunnel estimé à 1,7 milliard de livres près du site néolithique de Stonehenge, ainsi que des investissements dans le réseau routier et le système hospitalier. Elle compte également suspendre une réforme du baccalauréat, diminuer les subventions énergétiques pour les personnes âgées et abandonner la vente des actions de l’État dans la banque NatWest.
Quant à l’administration, elle doit trouver 3 milliards de livres d’économies. Cependant, après plus de dix ans d’austérité, les choix sont limités.
La fiscalité reste un point central. Simon Pittaway, économiste au sein du groupe de réflexion indépendant The Resolution Foundation, souligne que « Les travaillistes se sont engagés à ne pas modifier la TVA, l’impôt sur le revenu, les cotisations sociales ou l’impôt sur les sociétés ». Toutefois, ils pourraient décider de cibler l’impôt sur les plus-values, qui est actuellement imposé entre 10% et 28%, nettement en-dessous de l’impôt sur le revenu qui peut atteindre jusqu’à 45%, selon lui.
Par ailleurs, l’impôt sur les successions est un autre domaine que le gouvernement pourrait viser. Actuellement, cet impôt s’élève à 40% pour les montants supérieurs à 325 000 livres. Claire Aston, responsable du dossier chez Tax Watch, un groupe de réflexion spécialisé dans la fiscalité, souligne qu’il « comporte de nombreuses exemptions qui pourraient être éliminées, comme les parts dans certains types de sociétés et les propriétés commerciales ou agricoles ». Ensemble, ces deux actions permettraient de récolter 9,5 milliards de livres, d’après les calculs de The Resolution Foundation.
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