Les membres du G20 ont exprimé leur intention de collaborer pour que les individus les plus fortunés soient soumis à une imposition plus lourde. Ceci dans le contexte de l’effort concerté pour combattre les inégalités économiques. À Rio de Janeiro, lors d’une conférence tenue le 26 juillet dernier, les ministres des finances des pays du G20 ont traité de ce sujet, qui était au coeur de leur réunion de deux jours. Leurs discussions devaient jeter les bases pour le prochain sommet du G20 en novembre, à être tenu aussi à Rio.
La déclaration finale de la conférence, concernant la « coopération fiscale internationale », soutient l’idée de taxation plus importante des personnes fortunées, liée au respect de la souveraineté fiscale. Le document expose les dangers posés par les inégalités économiques et sociales, citant l’effet négatif sur la croissance économique ainsi que l’accentuation des vulnérabilités sociales. Pour cela, ils préconisent des « stratégies fiscales efficaces, équitables et progressives ».
Fernando Haddad, ministre des finances du Brésil qui présidait la réunion du G20 cette année, a souligné la pertinence morale de cette cause : un engagement des vingt pays les plus riches à adresser le problème de l’imposition qui pèse plus sur les pauvres que sur les riches. Il a insisté lors de la conférence de clôture que les pays du G20 étaient unis autour de l’objectif « d’instituer des systèmes fiscaux plus justes, transparents et équilibrés, y compris en ce qui concerne les personnes ultra-riches, qui doivent contribuer à créer des sociétés plus équitables et durables. »
La directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, a approuvé la perspective partagée des ministres du G20 concernant la fiscalité progressive. Elle a affirmé que cette approche était adéquate et nécessaire pour la reconstruction des ressources budgétaires et répondre aux exigences de développement social dans de nombreux pays. Georgieva a également souligné que la mise en place d’une justice fiscale facilite l’acceptation des décisions rigoureuses.
Cependant, les États-Unis et l’Allemagne sont opposés à l’idée d’un impôt minimum. Sous la gouvernance du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, le Brésil a promu la mise en place d’un impôt minimum pour les plus riches, néanmoins sans succès. Cette tentative a échoué principalement à cause du refus des États-Unis de se lancer dans des négociations internationales sur la question, affirmant que la fiscalité est une affaire propre à chaque État. L’Allemagne a exprimé clairement son opposition à une taxe négociée à l’échelle internationale.
Par contre, la France, l’Afrique du Sud, l’Espagne, et l’Union africaine ont manifesté leur support pour une approche fiscale internationale des super-riches.
Selon Gabriel Zucman, économiste français ayant rédigé un rapport sur la question à la demande du Brésil, l’accord unanime des pays du G20 sur la nécessité de réformer le système fiscal concernant les plus riches est une première dans l’histoire.
La déclaration diffusée vendredi a inclus des discussions sur des pratiques fiscales exemplaires et la création de dispositifs contre l’évasion fiscale, prélude à une coopération fiscale internationale.
Selon les propos du lauréat américain du prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, il est nécessaire de progresser encore davantage. Il a insisté sur le fait que d’ici novembre, les dirigeants politiques doivent établir des normes de base coordonnées. Selon Camila Jardim, experte en politiques internationales pour Greenpeace, il est révoltant que l’on compte sur le citoyen moyen pour financer une situation qui devrait coûter plusieurs milliards de dollars par an dues à la crise climatique, alors que les ultra-riches échappent à l’impôt. Greenpeace a donc renouvelé sa proposition d’un impôt mondial.
Même si l’harmonisation des impôts entre les pays est souvent compliquée, due à la défense acharnée de la souveraineté fiscale par ces derniers, trois documents ont tout de même été publiés. Malgré les tensions entre les pays occidentaux et la Russie au sein du G20, et en raison des conflits en Ukraine, Brasilia est parvenue à publier une déclaration sur la fiscalité, un communiqué final plus complet et un document séparé rédigé par le présidium brésilien qui traite des crises géopolitiques.
Le communiqué final, cosigné par l’ensemble des pays, ne fait pas référence spécifique aux guerres en Ukraine et à Gaza, mais évoque plutôt les « guerres et escalade des conflits » comme des sources potentielles de danger pour l’économie globale.
Le document du présidium brésilien révèle que certains pays ont fait part de leurs opinions sur la Russie, l’Ukraine et la situation à Gaza. Certains membres du G20 trouvent pertinent d’aborder ces enjeux, contrairement à d’autres.
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