François-Henri Pinault, président du groupe de luxe, a dû avertir les marchés le mercredi 24 juillet, trois mois après une alerte préalable concernant ses résultats semestriels. Le groupe s’attend désormais à une baisse d’un tiers de son résultat opérationnel pour le deuxième semestre 2024, suite à une chute de 42% lors du premier semestre, se retrouvant à 1,6 milliard d’euros. Cette situation est due à une incertitude relative à la progression de la demande de produits de luxe dans le futur proche.
Sur la première moitié de l’année, Kering a enregistré un déclin de 11% de son activité, une descente beaucoup plus abrupte par rapport au recul de 1% des ventes de la division luxe et maroquinerie de son rival, LVMH. Son volume d’affaires est tombé sous la marque de 10 milliards, atteignant 9,01 milliards d’euros.
Gucci n’a pas réussi à booster ses ventes malgré les efforts entrepris par un nouveau directeur artistique, Sabato de Sarno, depuis sa nomination en janvier 2023. Les initiatives prises n’ont pas réussi à redonner de l’éclat à la marque italienne qui contribuait à hauteur de 50 % aux activités de Kering et qui a généré les deux tiers de son bénéfice d’exploitation en 2023. Le design de ses boutiques, introduit à Milan en décembre 2023, est considéré comme glacial, « avec des murs entièrement recouverts d’acier inoxydable et des présentoirs en acier brossé », et « trop vide », selon un critique de mode italien anonyme. De plus, ses collections, bien qu’elles soient conçues à partir de matériaux de qualité, manquent de « créativité » selon lui. En conséquence, Gucci continue de perdre des consommateurs, surtout que l’industrie fait face à des défis, particulièrement en Chine. Sa tentative de relance, basée sur une augmentation des prix, semble échouer. Sa performance s’est tellement dégradée que les revenus de Gucci ont baissé de 18 % sur la période par rapport au premier semestre 2023. Sa rentabilité opérationnelle a chuté de près de 50 %.
La situation de Saint Laurent n’est guère plus reluisante. Les collections dessinées par Anthony Vaccarello depuis 2016 connaissent des difficultés. Les ventes de la marque française ont baissé de 7 % au cours du premier semestre 2024. Sa rentabilité opérationnelle a enregistré une baisse de 34 %.
Kering, dont la valeur boursière a atteint son sommet depuis 2017, suscite désormais des préoccupations parmi les analystes financiers. Lors d’une conférence téléphonique dédiée le mercredi 24 juillet, l’analyste de Bernstein, Luca Solca, a demandé aux responsables financiers du groupe d’agir rapidement. « À quel point critique envisagez-vous de diminuer les dépenses du groupe pour sauvegarder votre bilan et votre trésorerie? », a-t-il interrogé. En réponse, Jean-Marc Duplaix, Directeur Général Adjoint chargé des opérations, a affirmé que le groupe avait déjà mis en place les « réallocations » et les « réajustements nécessaires ».
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