Pour la première fois depuis la mise en place de la TNT en 2005, l’autorité de régulation audiovisuelle a décidé de ne pas renouveler les licences de diffusion de deux chaînes existantes. L’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) a annoncé mercredi 24 juillet que les candidatures de C8 et NRJ12 n’ont pas été acceptées. Ces dernières disparaîtront de la liste des chaînes gratuites de la TNT le 28 février 2025, qui est la date d’expiration de leur licence actuelle.
Cette décision, déjà exploitée par l’extrême droite comme une indication de censure envers la chaîne appartenant au groupe Canal+, qui lui-même est une propriété du groupe Bolloré, souligne fortement que les fréquences sont considérées comme des biens publics. Leur exploitation par des groupes privés est conditionnée par l’acceptation de certaines obligations et engagements.
Gérald-Brice Viret, le directeur général de Canal+ France, s’est scandalisé de cette décision sur X, soulignant que C8 est la « chaîne numéro un de la TNT » (à égalité avec TMC). Lors de leur présentation devant l’Arcom, le 9 juillet, les dirigeants de C8 ont dû faire face à la méfiance des membres du collège, dont les décisions ont déjà entraîné l’imposition de pénalités s’élevant à 7,6 millions d’euros pour C8 pour diverses infractions.
Maxime Saada, PDG de Canal+, a exprimé son mécontentement et sa tristesse dans un courrier interne dont Le Parisien a eu connaissance suite à la décision de ne pas renouveler la fréquence TNT pour la chaîne C8. Malgré la déception suscitée par cette démarche, Saada a souligné la souplesse étonnante du groupe Canal+, leur aptitude à s’adapter et à rebondir face aux défis. Cela peut signifier une possibilité de relocaliser Cyril Hanouna, l’animateur de l’émission conflictuelle « Touche pas à mon poste! », à une autre chaîne du groupe, malgré le déficit structurel de C8 qui pourrait persister même indépendamment de la TNT.
Dans un communiqué de presse, Thibaut Bruttin, Directeur Général de Reporters sans Frontières, a salué la décision du régulateur qui a assumé ses responsabilités dans un contexte polarisé de la discussion publique où la présentation d’informations factuelles et indépendantes est souvent minimisée. En parallèle, l’économiste Julia Cagé, qui est également présidente de la Société des lecteurs du Monde et qui plaidait pour l’exclusion de C8 et CNews de la TNT, a également apprécié la décision du régulateur. Elle a souligné que la détention d’une fréquence n’est pas un droit de propriété permanent et que les diffuseurs ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent avec cette fréquence. Plus de la moitié des informations restantes sont réservées aux abonnés.
Ce type de mesure serait-il envisageable en France ?